Edgar Thouy

Dire n'importe quoi

17 Décembre 2021, Rédigé par Edgard Thouy

Peut-on être ministre et dire impunément n'importe quoi ? Apparemment oui !


Le ministre de la Santé déclame, à propos de ceux, en particulier les "sachant", qui sont hostiles à la vaccination : "Ceux-là doivent payer pour çà car ils ont du sang sur les mains".


Peut-être que le pauvre homme n'était pas très bon en français.




Avoir du sang sur les mains est une expression on ne peut plus claire, même si l'on en accepte une version imagée. Il s'agit de quelqu'un qui est intervenu concrètement, matériellement et dont on pense que le résultat fut catastrophique et mortel.


Si l'on accuse quelqu'un d'irresponsabilité fautive ayant éventuellement contribué à la survenue de morts, il y a une expression tout à fait adéquate : "avoir des morts sur la conscience".

L'accusation est déjà grave en soi. De là à transformer les accusés en hommes de main, il y a plus qu'un pas.

Accuser des gens de meurtre revient à les dénoncer devant la justice, comme le propos fait mine de dire. Le cuistre intempérant n'en fait cependant rien, devenant ainsi complice pour non dénonciation de crime.

La démesure n'est pas anodine lorsqu'elle confond une éventuelle responsabilité morale avec la commission d'un acte éminemment répréhensible. Lorsque Claude Guéant, autre grand moraliste en tant que ministre de l'intérieur, donnait des leçons de probité, il se comportait comme un voyou en plongeant les mains dans la caisse. Malgré les traitements de faveur, il est quand même arrivé à la case prison.


On ne reproche jamais que ce que l'on connaît, ce dont l'existence nous est apparue. Toute la question alors revient à se demander si l'on est indemne de ses propres pensées.


Lorsqu'un malade, ou une personne opérée, meurt alors que le médecin a du sang sur les mains, qui songerait à le lui reprocher ? Même lorsqu'un acte est commis, la notion de faute mérite réflexion.

Un ministre peut donc à sa guise traiter haut et fort des gens de tueurs. Au moins s'évite-t-il de les nommer, se ménageant ainsi sa propre tranquillité. Personne, à ma connaissance, ne remet le bonhomme à sa place alors que les propos sont à tout le moins injurieux.


Quant au fond, on peut tout à fait être favorable à l'action sanitaire en ayant un point de vue différent, par exemple plus mesuré. La question de la vaccination des jeunes enfants a montré qu'on pouvait débattre avec circonspection. Minoritaires, les opposants ou réticents à la vaccination n'ont jamais que l'influence de leur éventuelle notoriété.


De manière sous-jacente, les réticences et réserves devant les bénéfices issus de la science, comme la vaccination, demeurent alors qu'on voudrait les vaincre et même les interdire, puisque "ils doivent payer". On connaît pourtant bien la remarque "science sans conscience n'est que ruine de l'âme" (je cite de mémoire).


Comment nomme-t-on l'attitude de qui veut obtenir le tout, éradiquer l'exception ? Totalitaire ?

Voie unique


28 Décembre 2021, Rédigé par Edgard Thouy


La curiosité m'a conduit à regarder une émission sur Arte, la chaîne intelligente, portant sur le mouvement antivax.

En effet, je ne saisis pas trop quelles sont les objections, ou plutôt les oppositions conduisant certains à refuser la vaccination dont on fait de nos jours une panacée.

Minoritaire, le mouvement comporte suffisamment d'adeptes ou de sympathisants (10 % de la population dit-on, soit moins que le nombre des personnes pensant que la terre est plate) pour que je m'imagine que tous ne sont pas d'indécrottables imbéciles. Et même si le cas état !

Cruelle déception : Hormis la mise en évidence d'une sorte de médecin traître à sa cause, devenu affairiste qui tirerait les ficelles pour que croisse sa fortune, avec évidemment quelques comparses, peu de choses. On pourrait résumer le propos en disant que ce n'est qu'une affaire de gros sous qui spécule sur la sottise humaine.

Admettons ! L'explication est tout de même basique et sommaire, consistant finalement à parler d'un ramassis de crétins exploités par des voyous. Pourquoi pas le grand capital ?

Qu'est-ce donc qui pousse des gens à persister dans un choix assez déterminé pour que certains en arrivent même à payer de faux certificats de vaccination ? Je ne pense pas nécessairement ni seulement à leurs arguments, que j'imagine "naturalistes", mais aussi à ce qui motive leur conduite consistant à défendre à tout crin leur marginalité. Que les raisons invoquées soient bonnes ou mauvaises, rien ne se produit sans cause, si l'on ne peut dire ici "raison".

L'angélisme de l'émission surprend, avec ce ton faussement objectif qui condamne sans le dire. On pourrait ainsi s'imaginer que le clan des bons, celui des adeptes de la vaccination, ne se compose que de purs et grands esprits, totalement désintéressés de surcroît.

Je conçois tout à fait que les laboratoires inventeurs de vaccins en attendent rémunération. A l'échelle du nombre, cela équivaut à une fortune.

Les médecins qui se relaient dans les centres de vaccination (dont je me félicite) sont-ils donc bénévoles ?
Que penser de cette pharmacienne qui dit ne pas trouver assez de personnes pour vacciner, alors que la demande dans son officine dépasse 150 personnes par jour ? Faites le calcul, à quelques dizaines d'euros par tête.
Les fabricants de masques ont-ils sacrifié leur marge ? Et les Diafoirus ?
Soyons clairs : Rien de tout cela ne me choque. Après tout, chacun peut être enclin à profiter de l'aubaine sans mériter pour autant le discrédit.
Mais il n'y a pas d'un côté le camp du bien, des émérites philanthropes, et de l'autre le camp du mal, qui ne songe qu'à profiter. D'un côté la bonté, de l'autre le lucre et le mensonge.
Avec les propos redondants qu'entraîne la lutte contre le Covid, c'est le triomphe de la bonne conscience.
Inquiétant, quand même ! Pour autant, on ne peut imputer à ces bienheureux je ne sais quel défaut, quelle tare, autre qu'une exiguïté d'esprit.
D'un côté les crétins, de l'autre les simples d'esprit.

Une guerre écolo

Rédigé par Edgard Thouy

Que de progrès à faire en matière d'écologie pour le bien de notre planète !

Pensez-donc : Un tank consomme à peu près 400 litres de carburant aux 100 km. Cent fois plus que les véhicules les plus économes. Les autres engins motorisés sont à peine moins dispendieux.

Qui plus est, bon nombre de ces engins sophistiqués sont bons pour la casse.


Est-ce qu'au moins avant de tirer sur un immeuble ils ont fait un bilan amiante. Sinon, les populations auront des séquelles. Du reste, la poussière n'est pas non plus bonne pour les voies respiratoires.

Quelle galère ! Vous échappez à l'explosion, au souffle, à quelques mines alors que vous partez en courant, vous portez votre masque, vous évitez les snipers et, assoiffé, vous cherchez une eau introuvable qui risque de vous refiles le choléra.

Non, non, non ! Pas écolo, tout çà ! Pas cool, mais pas écolo non plus.

Et les incendies, vous croyez que c'est bon pour la température ? Les explosions non plus, d'ailleurs.

Et puis c'est absurde : les régiments font le plein de leurs engins pour faire le vide des populations !

En plus, combien ça coûte ? à 25 000 dollars le missile Stinger, on pouvait alimenter les restaus du cœur pour quelque temps. Bon, mais un obus de 155 coûte moins cher. Mais par milliers, ça finit par compter.

Tout ça n'est pas raisonnable ! Et les animaux, pensez aux animaux.

Si ces gens étaient raisonnables, ils feraient la guerre à l'arme blanche, montés à cheval ou à bicyclette.

Au lieu d'envoyer des missiles, ils seraient plus avisés de parachuter des tracts de propagande, chacun dans un sachet comportant quelques roubles ou quelques euros. On verrait les populations cesser de fuir et la distribution monétaire serait bonne pour le commerce.

Peut-être fallait-il renouveler un peu le stock d'armes et, pour ce faire, liquider les stocks !

Mais quand même, assister à une telle gabegie énergétique, cette débauche de moyens pour un résultat dont on peut déjà prévoir qu'il décevra...

Bon, de votre côté, faites un peu attention : prenez l'escalier en rentrant chez vous, une douche par semaine et un seul bain hebdomadaire pour toute la famille. Et puis mangez froid pour économiser le gaz. Couchez-vous tôt pour diminuer la note d'électricité.

Ne suivez pas les mauvais exemples : il en va de l'avenir de la planète !

Abs-tentation


Rédigé par Edgard Thouy


L'abstention a gagné. Elle est majori-taire et donc élue.

Sera-ce le calme sur les ondes ? Sûrement pas.

Nombreux ceux qui la dénoncent : Haro sur ceux qui la ferment ! Du reste, on leur dit qu'à jamais ils devront se taire puisqu'ils n'ont pas saisi l'occasion de se prononcer.



N'est-ce pas un glissement de sens ? Qui participe accepte de ce fait les règles. Ainsi, le minoritaire se doit de respecter le résultat des urnes qui lui échappe. Pour autant, il n'y a pas stricte obligation de se taire, mais d'accepter les prérogatives de l'élu.

L'abstentionniste déterminé récuse les règles du jeu.

L'abstention n'est-elle qu'une ? Comme si les abstentionnistes n'avaient qu'une voix, comme si le silence n'avait qu'une seule "cause" à ne plus défendre. Est-ce un renoncement ? Entre désintérêt et repli sur soi, il y a place pour d'autres formes de désinvestissement, de dévalorisation.

On se souvient du film "Le choix de Sophie" où on invite la mère déportée à désigner celui de ses deux enfants qui doit vivre. On lui a refusé le droit de s'abstenir. "A voté" pourrait-on dire !

Alors ? Fusillé ou pendu ? Que choisissez-vous ?

Plusieurs doivent se retirer du jeu, volontairement. L'abstention est alors un acte... plus ou moins suspensif, puisqu'il ne suspend rien des décisions de l'heure, laissées à d'autres. Il dénie à l'élu le droit de parler au nom des abs... absents, abstinents, abstentionnistes, abs-(re)traits...

Du coup, les scores officiels sont à diviser par deux. Pâle figure, y compris pour ceux que l'on nomme curieusement "majorité" ou "majoritaires".

Quelque chose ne va pas, mais quoi ? Allez savoir ! Le phénomène échappe à l'entendement. Par nature ?

Dans un cadre rural que je ne situerai pas, je regardais les scores des différents candidats au premier tour. Le dernier avait zéro voix. Il n'avait pas même voté pour lui.

Lentement, le phénomène croît dirait-on ! A moins que, comme d'habitude, on nous sorte une loi pour obliger ou interdire.

Quitter la scène



Rédigé par Edgard Thouy

Occuper la scène doit finir par monter à la tête ; du moins, fréquemment. La célébrité, la notoriété, le spectacle, l'aisance financière qui en résulte, autant de choses qui demandent du talent, des qualités, de l'entregent. L'envie est de durer.

A force d'incarner quelque chose, on s'éloigne du monde, souvent. Rares sont ceux qui semblent n'avoir pas perdu la tête. Je pense à Jean Ferrat, qui avait sans doute de la mémoire et un sens aigu de la fidélité.

Jean-Louis Trintignant était sans doute de ce côté-là. Une belle carrière pourtant que nombreux peuvent envier, la célébrité, et un style, un air modeste, un quelque chose de Monsieur Tout-le-monde.


Il fit dans ce milieu du cinéma des rencontres à faire pâlir d'envie. Difficile de n'avoir une vie qu'ordinaire dans un milieu où rien ne l'est. L'homme ne semble pas avoir couru après la célébrité, alors que quelques rôles l'ont porté au-delà de ses pairs. Des personnages avec un semblant de retenue, un air presque emprunté, une voix grave, aux inflexions manquantes faisant croire à une distance d'avec le monde et les choses.

Apparemment, c'est le théâtre auquel il revint, lui qui voulait mettre en scène - là où il échoua - plus que jouer au cinéma - où il excella. Une impression de dignité l'accompagne, plus que de mesure.

Si je devais retenir l'un de ses rôles, je penserais au "conformiste". Quelque chose de semblable dans les apparences floues, et de dissemblable dans la réalité de l'homme envers celle du rôle.

Il poursuivait ce qu'il aimait de son métier, acceptant d'aller vers la réserve que l'âge impose. Et puis, il a tiré sa révérence. L'élégance de ceux qui l'accompagnaient et leur discrétion évoque la sienne.

Un homme estimable.

Dans le même temps, un homme incarne ce qui me semble parfaitement opposé : je pense à notre génie national. Ce sont les estrades qui l'ont attiré, plus que la scène, la lumière en tout cas. L'homme pensait être fait pour un numéro sans pareil. Un novateur, en quelque sorte. Ou prétendu tel.

Le rappel lui permet un deuxième tour. Un triomphe ?

Curieusement, Poutine et Zélensky semblent d'accord sur une chose : notre génie national parle pour ne rien dire. Du moins on use de son nom pour signifier les vaines arguties interminables. L'homme qui voulait incarner l'Europe ne serait donc pas indispensable ?

Il faut dire que le réformateur n'aura à peu près rien réformé. L'inverse d'un destin. Désillusion ou désenchantement, le charme s'estompe. Les suffrages s'envolent. L'empereur est nu. Lui qui se pensait sans doute inestimable.

Décidément, l'humilité mérite le respect.

Accent grave


Rédigé par Edgard Thouy


Parler d'accent, de la tonalité qui différenciait le parler des régions, peut sembler dérisoire. Pourtant, par certains aspects, le problème est aigu.

Même si existent encore des accents régionaux reconnaissables, la poursuite de l'urbanisation de la vie des gens, associée à l'accroissement des déplacements et autres expatriations, a eu pour effet la perte graduelle de l'accent de bien des gens.

Du reste, on moquait souvent l'accent. Ce fut le cas pour Castex. Pour d'autres, on en joue volontiers, comme celui de Marseille qui n'est pas nécessairement générique de la Provence où les tonalité diffèrent, ou différaient.


Peut-on parler d'accent grave ? Assurément non, à première vue.

Et pourtant ! Souvenez-vous d'un président imbécile (il faut dire que le genre a prospéré depuis de sorte qu'on ne sait plus de qui l'on parle) qui disait à des jeunes en quête d'emploi : "Il faut bouger, mon vieux !"

L'accent me paraît en quelque sorte un indicateur de la qualité écologique. Pour le conserver, rien ne vaut le terroir, et dans la mesure du possible celui où on a vu le jour. Dès l'enfance, le parler local imprime sur les oreilles et la voix sa marque bientôt définitive. Les parents transmettent la même influence, tout comme les enseignants, au primaire au moins.

Bouger moins, être stable, est une vertu dans la mesure où le transport polluant est réduit à la simple nécessité locale. C'est la modernité qui a voulu accroître les distances et, selon les modes, les vitesses. Signe certain de la banalisation des éloignements.

Louez donc les accents, surtout si vous avez perdu le vôtre. Plaignons ceux qui n'ont pas eu l'occasion d'être inscrits dans cette filiation sonore, qui racontait sans un mot d'où l'on était, comme on disait.

S'attacher à d'où l'on est, d'où l'on vient, évoque pour certains une sorte de "racisme", comme s'il ne s'agissait que de catégories arbitraires.

Un des enjeux possibles de la vertu écologique est de raccourcir les distances, les parcours, puisque les trajets, les transports sont une des grandes causes de la pollution, et donc du réchauffement.

Alors vive l'accent, vivent les accents, de sorte que l'on sache où l'on arrive, juste en écoutant.

A côté de la plaque
 
 
Notre génie national a un incontestable talent pour passer à côté de la plaque.
 
Une manie, en quelque sorte. Du reste, c'est à nouveau de l'étranger qu'il fait sa dernière saillie alors que les convenances veulent qu'un chef d'Etat ne commente pas la politique intérieure lorsqu'il est à l'extérieur, à l'étranger. Mais un génie, c'est bien connu, innove.
 
Et le voilà dénoncer les "scénarios de la peur". Passons sur l'usage correct qui voudrait que l'on respecte le pluriel "scenarii", qui est en effet inélégant et, disons-le, hors d'usage. De toute façon, le bonhomme mélange tout. Du genre à mixer ensemble entrée plat et dessert, histoire de faire plus vite pour desservir.
 
Quant à ces "scénarios de la peur", de qui émanent-ils ?
 
Tout simplement de gens sur lesquels l'homme tout puissant a autorité, directe ou indirecte. Le voici donc faire le chef alors qu'il est incapable, en temps et en heure, de se faire respecter par ses obligés. 
Toujours à faire le mariole, le Poutine d'opérette fait la danseuse sur le fil de l'inutilité. Après avoir fait la leçon à Biden, le voici pérorer à l'étranger comme s'il avait quelque chose à dire.
Est-ce que tous les pusillanimes sont prétentieux ? Sans doute, puisqu'il faut bien se détromper.
 
Ce qui désole en politique est la manière de ne jamais s'adresser aux gens présents, d'éviter de parler de ce qui est, et de faire le paon comme si l'on avait une hauteur de vue. Les singes savants sont de la revue, un peu comme lors des défilés de l'Armée Rouge sur la place du même nom.
 
Hélas, la tendance est suivie par députés et ministres qui ne semblent pas même capables de s'adresser les uns aux autres ni, en particulier, de se répondre. Les effets de manche priment tout.
 
Tout ça fait penser à la médiocrité du chef de bureau qui tyrannise ses subordonnés, nanti qu'il se sent d'un pouvoir qu'exerce son épouse dans sa vie privée.
 
 
Edgard Thouy

Faiseuse d'anges
 
Rédigé par Edgard Thouy