Edgar Thouy

Le coût de la solidarité
 
 
1 Novembre 2019, Rédigé par Edgard Thouy
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 
 
 
 

Le travail des hommes


8 Novembre 2019, Rédigé par Edgard Thouy

Sur des pentes où l'on ne pourrait tenir debout, les murs de pierre se succèdent, formant les terrasses qui retiennent la terre. Ils sont de la même pierre que ces éboulis par lesquels, inexorablement, la montagne s'effondre sans que l'on n'en voie rien, tant on croit les sommets éternels.

Les sommets déclenchent la foudre, attisent les orages, déchaînant les ruissellements devenant trombes d'eau, leur vitesse et leur poids dévastant en aval. Meubles, les terres arables fuiraient loin des montagnes, hors des collines, devenant boues stériles où rien ne pousserait plus… pendant des années au moins.

Seuls, ces murs se dressent encore, comme autant d'écailles attachées au cou du dinosaure de pierre. La végétation s'y loge, retenant à son tour les terres nourricières. Encore faut-il que des mains rehaussent les murs des pierres qui en tombent. Et, puisqu'il faut que l'eau s'écoule, on apprivoise des pentes.

Au fur et à mesure qu'on descend vers la vallée, la pente devient plus clémente, les terrasses s'élargissent. Comme par miracle, la végétation devient plus haute. Les cultures épousent les formes, comme des fourrures parant un manteau végétal dont l'homme diversifie l'uniformité.

En bas, vergers, céréales et légumes. Plus haut, il faut ces plantes ligneuses qui savent s'insinuer dans l'adversité pour survivre. La vigne ! Depuis des millénaires.

On n'en connaît pas tant le fruit que le nectar. Elle couvre les coteaux du soleil qui le dore, l'adore. On surveille la grappe, fragile, qui prend ses couleurs alors que, bientôt, le feuillage en perdra.

Les saisons se remarquent aux couleurs de ces montagnes, zébrées par les murets ici, des murailles là. Et toujours de pierre sèche. Si l'on veut qu'elles tiennent, il n'y faut aucun artifice, mais l'intelligence.

Ferait-on monter même un âne, un mulet, sur ces pentes accrues par l'altitude ? Alors, c'est à dos d'homme que l'on récolte, puis que l'on redescend les panières. Au moins jusqu'à ce que des machines viennent à l'aide… parce que les hommes se fatiguent. L'épargne de leur peine demande l'industrie, le savoir-faire.

Lors, si rien de trop puissant ne vient faire basculer le cours des choses, le travail et son fruit quitteront les côteaux coûteusement aménagés pour les hangars où attendent les cuves.

Déjà, d'autres métiers se forment, quand bien même ce sont de mêmes hommes qui les exercent. La presse fournit le jus à l'alchimie qui le transforme. Les impatients et les connaisseurs goûtent déjà, anticipant ce qu'un taux de sucre, cadeau du soleil, promet. Rien cependant ne dispense du temps.

Aux cuves succèdent les barriques, puis les bouteilles. Avant le cœur de l'hiver, difficile de juger de l'ouvrage.

A quoi bon, me direz-vous ? Laissons rouler les pierres qui n'amasseront pas mousse.

Bientôt Noël
 
 
21 Novembre 2019, Rédigé par Edgard Thouy
 
 
Avez-vous observé que nombreux sont ceux qui font leurs courses de Noël dès octobre, et plus encore en novembre. Pourquoi ?
 
C'est un peu comme les soldes d'été, qui commencent dès juillet, et de même pour l'hiver.
 
On anticipe. Peut-être craint on la foule, l'affluence, ou que les rayons soient vides et que l'objet de nos désirs ne soit plus accessible.
 
Quelles que soient les dispositions que vous avez prises, prévoyez tout de même le 5 décembre.
 
Répugnez-vous aux manifestations, que ce soit par crainte de violences, d'où qu'elle viennent, ou par allergie, voire conviction ?
 
Faites un effort ! Naturellement, il vous faut prévoir une cause, et pressentir quelques collègues.
 
Le machronomètre a enclenché le compte à rebours de la trouille. Le gouverne-ment se prépare à lâcher pour désamorcer le plus grand nombre possible de revendications.
 
Problème : çà coûte ! Déjà qu'on ne finit pas le budget sans emprunter. Mais comme on emprunte à taux négatif, pourquoi se gêner.
 
Le problème avec l'emprunt, c'est qu'on bouffe le capital. Du coup, on est coincé à l'échéance. Tant pis pour les couillons qui paieront la dette.
 

Pour le 5 décembre, on nous annonce du monde dans la rue. Malgré des impondérables, comme la météo.
 
Manifester sous les parapluies n'a aucune allure. Avec un peu de chance, on aura de la neige, et on pourra commencer à croire au père Noël.
 
Il faut sans doute s'agiter un peu avant cette date pour avoir une chance de toucher quelque chose.
 
A moins que vous n'espériez vraiment bouger les choses. Auquel cas mieux vaut la surprise.
 
La crainte du pouvoir en tout cas est connue, elle a même un nom : la coagulation. Etrange, non ? Quand ça coagule, ça ne coule plus. Le stade suivant est, selon le cas, la cicatrisation ou l'AVC.
 
Du coup, il devient presque raisonnable de faire ses courses avant fin décembre, des fois qu'il y ait du monde dans les rues, et pas seulement des jaunes le samedi.

Régal régalien


12 Décembre 2019, Rédigé par Edgard Thouy



On nomme régalien ce qui procède de l'Etat, en particulier la police et l'impôt.


Le conseil d'Etat vient de valider la privatisation des radars embarqués dans des voitures. Dès lors, plus rien ne s'oppose à ce nouveau mode de verbalisation qui va donc faire recette et recettes.


Finie depuis belle lurette l'époque où on estimait que la puissance publique ne saurait se cacher. Nul gendarme ne pouvait se dissimuler. En outre, la vue du gendarme constituait par elle-même un acte de prévention, puisque sa présence invite au respect des règles.


Depuis, les bleus sont devenus chasseur, traquant le gibier en se cachant, pour mieux lui courir après ensuite.


On s'était habitué à ce que soit sanctionné non pas l'auteur d'une faute, mais le présumé fautif. Il en allait des PV de stationnement, des pactoles un temps ramassés en dehors des lois… le temps qu'on en fasse d'autres pour valider la pratique.


Pourtant, il semble que les flashes ne soient validés que si on identifie l'auteur. Mais on peut aussi sanctionner le propriétaire, invité à devenir délateur pour se dédouaner.


Désormais, point besoin de faire partie de la police pour "constater" une infraction. La machine aura force de loi.


On peut présager l'existence d'une prime d'abattage. Qui aime bien châtie bien.



Il faut dire que les forces de police sont exténuées, à force d'heures supplémentaires.


Entre les diverses polices, les vigiles que l'on nous promet et les appointés de la contredanse, on peut assister à la dérive des pratiques. Il sera bien temps après de sortir des lois pour régulariser au besoin.

Pour faire recette, on seulement on se félicite de la limitation à 80 km/h, mais aussi plus simplement de la multiplication des panneaux indiquant des vitesses qui ne cessent de varier : 10, 30, 50, 70, 80, 90, 110 et enfin 130 km/h.


Et encore faut-il tenir compte des diminutions par temps de pluie, pollution, travaux ou autres.


Un moyen comme un autre de tester la vigilance des conducteurs. Il suffira de choisir ses tronçons pour faire du chiffre.


Que les écolos se rassurent, on n'oubliera pas les limitations concernant les vélos, trottinettes et autres.

Unanime


18 Février 2020, Rédigé par Edgard Thouy


La chose est assez rare pour être soulignée : Voici la classe politique unanime.

Une loi, une réforme, un enjeu ?

La classe politique ne veut pas qu'on aille voir dans sa culotte… disons sa chambre à coucher.



Ainsi donc, la vie privée serait privée ! Alors que les caméras foisonnent au nom de la sécurité.

L'Etat ne se mêlerait pas des affaires privées ? Il suffit de lire Hannah Arendt pour comprendre que la loi étend le domaine public au détriment du privé… jusque-là.

La loi est-elle allée trop loin, par exemple en prônant la dénonciation ?

Mais non ! Ce n'est pas parce que les homme politiques nous montrent leur vertu en s'affichant avec madame qu'il faut s'interroger sur les histoires de c...

Et à quoi donc s'intéressent les gens lorsqu'il s'agit de la Cour de Grande-Bretagne ?

La classe politique unanime à propos d'une affaire de branlette ! Et voilà qu'elle découvre que ce qui n'est pas interdit et licite, même moralement critiquable.

Mais qui serait donc allé voir dans, ou plutôt sans, la culotte du plus petit Grivois s'il n'avait présenté son organe à une belle par une vidéo ?

Le voici en tout cas décidé à préserver sa famille et ses enfants. Un peu tard.

Finalement, la politique est affaire de tension. Voilà donc que se vider les c... serait la plus naturelle des choses, et la plus apaisante.

A quand les meetings branlette ? On s'y ennuierait peut-être moins ?

Comme il est savoureux de voir des torrents d'indignation laver rues et caniveaux des soupçons pesant naguère sur les Zélites !

On savait que le cul mène le monde, et voilà maintenant qu'il le sauve en restaurant l'unanimité.

Pour la petite histoire, le petit Grivois était un émule de DSQ.

Au fond, ne soyons ni triste ni bégueule. Dans un monde si souvent partisan, replié sur lui, félicitons nous d'un mouvement d'ouverture. Quand bien même c'est celle de la braguette.

Badinons


14 Mars 2020 , Rédigé par Edgard Thouy

En principe, je consacre le billet du samedi aux "Brèves".

Mais voilà : C'est la panne, ou quasiment. L'inspiration naît de la diversité des nouvelles. Or, c'est la monomanie coronavirus. C'est la stérilisation, l'appauvrissement.

Alors, j'opte pour le libre propos concernant précisément cet envahissement.



Quelques remarques simplement.

D'abord, cette fixation sur le drame du moment n'est pas nouvelle. La peur profite invariablement au pouvoir en place. Souvenez-vous de la crise financière sous Sarko, ou encore de la place des attentats sous Hollande.

Voilà notre génie national répéter la leçon qu'il a apprise. Spectaculaire résultat : aujourd'hui, dans des commerces jusque-là approvisionnés, les étagères de provisions (céréales, sucres, farines… ) sont vides. Un beau résultat pour qui veut rassurer.

Mais ne doutons pas que la cote du pouvoir remonte, et que l'on souhaite des mesures drastiques. C'est le même scénario à chaque fois.

Si la mise en scène du drame profite au pouvoir, cela ne sauve pas pour autant les titulaires. Une fois que le peuple a survécu, il oublie ses craintes et, ingrat, revient à ses griefs qu'on croyait oubliés.

Une autre remarque concerne les enfants, disons les jeunes. On ferme les écoles, à tous les étages jusqu'au supérieur. La saine jeunesse résiste pourtant, grâce à une immunité robuste. De ce fait, les voilà porteurs possibles et donc contaminants.

C'est ce qui en résulte qui est amusant. On ferme les écoles et voilà les parents qui ne savent que faire de leur progéniture, se voyant éventuellement contraints à l'arrêt de travail, que certains nomment "congés maladie". C'est bien la première fois que l'on met les bien-portants en congés maladie.

L'amusant de l'affaire est ce constat qu'on ne sait que faire des enfants. Moralité : l'école, du bas jusqu'au plus haut, a d'abord et avant tout le rôle de garderie. On ne sait qu'en faire, des enfants. On passe son temps à les caser, à les refiler comme le mistigri.

Et pourtant, on ne cesse de les idéaliser, ces enfants. En fait, soit on les case, soit on les met sur des étagère, soit on ne sait qu'en faire.

Pas même question de les refiler aux grands-parents, à moins qu'on espère accélérer l'héritage. Les anciens sont justement fragiles, alors que les jeunes constituent un danger.

Nous voici désormais dans la promotion du "Pas touche". Du coup, on songe à la promotion des écrans, comme c'est le cas envisager pour occuper les enfants avec le télé-enseignement.

Sans doute le problème épidémique est-il réel. Et rien de plus normal que des responsables tentent de mettre en œuvre des protections.

Mais les effets demeurent. Tout ça a un petit côté météo, entre le jeu des prévisions et les aléas.

L'obsession


17 Mars 2020, Rédigé par Edgard Thouy

Tous obsédés ! Voilà ce qu'il faut être.

Celui qui ne le serait pas devient un malade aux yeux de tous, un inconscient, un fou dangereux.

On dénonce la désinvolture, la négligence. Mais que faisaient donc ces gens à bronzer, se promener, et "en famille" de surcroît, comme le remarque un observateur militant.

Fait-on courir plus de risque aux siens en se confinant, ou en marchant dans un parc ?

On moque aussi les provisions que font certains de produits dits de nécessité. En réponse on affirme que l'approvisionnement est assuré.

On évoque la proximité de confinement, sans comprendre que cela justifie l'accumulation de vivres.

Ignorant de ce qu'il convient de faire, je me garderais bien de mettre en doute ou en cause.

Néanmoins, il y a des mots, des propos, des attitudes. On parle d'incivisme, d'inconscience fautive envers soi et les autres. Voilà qui annonce des mesures d'autorité.

Tant mieux diront certains !

Les gendarmes menacent cette commerçante de 3 000 € d'amende si elle est encore là à leur retour, après quelques minutes. Elle est pourtant seule dans son commerce, venue récupérer documents et papiers importants. Après tout, l'annonce n'a que deux jours. Pouvait-elle prévoir ? Qu'importe, un gendarme a toujours raison. Le magasin est dans une galerie commerciale, alors sanction !

L'obligation n'est pas contestable en soi, si nécessité il y a. Elle met simplement chacun à la merci du moindre dépositaire d'autorité auquel on aura inculqué de longue date la vertu d'obéissance.

Des médecins participent à la surenchère des dénonciations, criant à l'urgence.

Voici donc faite la litière de l'autoritarisme, mieux encore que par le terrorisme. Pourtant, jusque-là, le gouvernement avait tenté de faire preuve de discernement.

On entend à nouveau ce mot "terrorisé", toujours confondu avec "terrifié". Car on peut avoir peur, mais certains aussi font peur. Ce n'est pas la même chose.

Amusant aussi de voir bientôt vantée l'obéissance des italiens, pourtant spécialistes de la "combinazione".

La France à la chinoise, avec patrouilles dans les rues. Curieux déferlement d'absolutisme.

Cela ne durera que le temps de la menace. Espérons-le. Les survivants verront. Car il y en aura, des survivants, et ce sera le plus grand nombre. Guérit-on de l'obsession comme d'une maladie ?

Un mot pour un autre
 
 
27 Mars 2020, Rédigé par Edgard Thouy

Brèves 264


4 Avril 2020, Rédigé par Edgard Thouy


La question revient souvent : « Ai-je le droit d’aller aux obsèques d’un proche ? ». C’est à peine si l’on a le droit d’aller à ses propres obsèques !


Coronavirus : La Chine vend des tests défectueux à l’Espagne. C’était pour ne pas inquiéter les populations.


Après le Covid 19, la Chine nous envoie ses masques, respirateurs et autres antidotes. Trop fort !



Une infirmière de Bayonne sommée par ses voisins de déménager pour le risque encouru. Il y a beaucoup de gens bons à Bayonne.


Vers une pénurie mondiale de préservatifs (du fait de l’épidémie) ? Et pourtant, avec les consignes de distance et le confinement…


Des patients de réanimation dans les bras de Morphée. Un peu contradictoire, non ?


Le confinement allégé pour les autistes. Par définition, un autiste est déjà isolé. Le tout est de le faire savoir au Covid 19.


Les américains ont volé des masques destinés à la France. « M’sieur, M’sieur, y m’a pris mon masque ! »


Edouard Philippe dénonce ceux qui sont partis confiner dans leur résidence secondaire. Jaloux ! Il n’avait qu’à rester au Havre… où il aurait eu la paix.



En Chine, de la bile d’ours pour soigner les malades. Et des cadavres de chauve-souris pour en faire d’autres.


Retour au confinement pour 600 000 chinois. Evidemment, cela n’arrivera jamais en France !


Un entrepôt de Rungis est consacré au stockage des cadavres du coronavirus. La vente débutera dès que possible.


Les footballeurs capables de vivre 6 mois sans être payés. Préparons-nous à une collecte pour ces nécessiteux.


Les décisions prises en période d’épidémie ne sont sans doute pas exemptes de conneries. Ah ! Si seulement la chasse aux cons s’en trouvait quelque peu pondérée !


Le virus pourrait se transmettre en parlant. Attention au téléphone !

Où sont-ils passés ?


14 Avril 2020, Rédigé par Edgard Thouy


A l'heure où l'on nous repasse "Où est passée la 7ème compagnie", où sont donc passés les premiers de cordée ? D'autant que leur laudateur fait mine de glorifier désormais les fabricants de cordes. Voire quelques revendeurs.


A la télé ?

Oui, sans doute. On y voit se succéder des "professeurs", cette élite médicale, tenter de préserver une cohérence malgré quelques fausses notes ici ou là.




Dans l'ensemble, ils font davantage preuve de pondération que de suffisance. En tout cas, il ne nous diront pas de traverser la rue. Confinement oblige.


Mis à la une, ils font également preuve de pudeur quant au "pognon de dingue" que coûte la mobilisation contre l'ennemi public numéro 1.

"Pognon de dingue" également que distribue l'Europe, comme d'ailleurs l'ensemble des Etats. L'heure n'est plus à l'économie - aux deux sens du terme - mais à la dépense… euh ! la défense.

Enfin ! L'essentiel est de mourir le moins possible à l'hôpital du Covid 19.


Quant à mourir d'autre chose ailleurs, pourvu que ce soit en silence !


Notre matamore national, attristé sans doute de ne plus pouvoir faire des scoops à la une à sa convenance, en est réduit à un raout à Marseille.



Evangélique, en n'excluant aucun - même controversé - de la mission sanitaire, ou libertaire, en rendant visite à celui qui claque les portes au nom du pragmatisme ?



Le génie national semble passer de l'exhortation à l'exorcisme.



Le voici tenter une carrière dans la brosse à reluire.


L'impénitent bavard fait partager le fruit de sa réflexion. Car lui est l'expert des experts.


Au fait, qu'a-t-il dit de particulier ? Sortie prévue le 11 mai.


D'ici là… Au fait, vous avez des projets de vacances ?


Ah non ! Zut. Il faudra travailler.

Petite histoire


23 Avril 2020, Rédigé par Edgard Thouy

En ces temps où ce qui n'est même pas une petite bête accable le monde, où nos oreilles de cessent d'ouïr les mises en garde, où on veut à la fois nous distraire et nous mobiliser, à la fois nous rassurer et nous persuader de la gravité de la menace… une petite histoire de petite bête pourrait nous distraire.

C'était il y a mille ans, presque exactement. L'homme était condamné à mort, convaincu d'avoir tué. Il se disait innocent. Mais quel larron aurait fait autrement ?

Le sérieux de l'affaire justifiait la présence royale : Robert le pieux était bien le symbole de la justice des hommes !

L'office se déroulait avec quelque chose de cérémonieux, gravité, même si on se doute que parmi les assistants, les sentiments n'étaient pas bienveillants. L'affaire, disait-on, avait fait grand bruit.

L'homme posa sa tête sur le billot, nuque offerte. L'exécuteur des hautes œuvres attendit le signe.

Puis, il leva cette énorme hache que seul un colosse pouvait manier.

Une coccinelle se posa sur la nuque du justiciable.

On peut être à la fois bourreau et sensible. Alors, l'homme posa sa hache et fit partir l'insecte.

Avant même qu'il n'eût repris sa posture, l'insecte revint, se posa à la même place.

Le manège se déroula plusieurs fois, au moins trois selon les témoins.

Ce que voyant, Robert le pieux considéra voir là une manifestation divine, l'ordalie étant la plus haute justice.

Il gracia le condamné.

Quelque jours plus tard, on prit le vrai meurtrier.

Depuis, on surnomme la coccinelle la "bête à Bon Dieu".

Légende, me direz-vous ! Faut-il croire aux légendes ?

La vérité vraie semble parfois bien difficile à trouver. Elle s'avère parfois ingrate.

On accorde aussi aux coccinelles d'autres qualités pour le jardin, plus prosaïques. Ecologiques, elles se gavent de pucerons.

Avec l'arrivée des beaux jours, souhaitons nous d'en rencontrer, et qu'elles aient l'audace de ne pas se confiner.

Pourquoi les enfants affectionnent-ils les coccinelles ?

L'heure de la sortie ?


27 Avril 2020, Rédigé par Edgard Thouy



L'ouverture est, par définition, plus génératrice de risque que la fermeture.


Dans l'écurie, les chevaux piaffent. Tout comme les bêtes à l'étable attendent l'heure.


Les jeunes mammifères ont besoin d'espace, de jeu. Ainsi ils apprennent, créant par l'usage la dextérité qui sera nécessaire à leur vie.




L'ouverture permet la diversité, alors que la fermeture en atténue les effets.


La vie est mouvement, par nature. L'activité en résulte, inéluctable. Nécessaire ? Pas toujours.


L'espèce humaine plus que les autres a organisé, ritualisé, structuré la vie. Ainsi, elle a fini par mettre la main sur la planète, voire au-delà.


Certains éprouvaient le besoin de faire retraite : une semaine, parfois plusieurs, dans un monastère par exemple. Prendre du recul, de la distance, prendre de la hauteur, sortir de la routine. Penser les choses requiert de ne pas épuiser son temps à les faire.


La simple annonce d'une décision à venir accapare les esprits. On spécule sur ce qui sera.


Les doctes paroles des sages accompagnent les statistiques, dont la lecture devient oraculaire.


Les politiques ont manqué d'occasions de se faire remarquer, de se faire valoir. Solidarité sanitaire oblige.


L'annonce de l'ouverture les sollicite.


Nous finissons, car il y aura une fin, une immense pause. Certains joueront les prolongations, par crainte, par prudence ou par nécessité. Aurons-nous gagné en vertu, redécouvrant chacun l'importance des gestes ordinaires ?


De quoi a-t-on le plus peur ? De la maladie, du chômage, de la misère. Doit-on avoir plus peur des pauvres que de la pauvreté ? Les mouvements sociaux naissent de la dureté des temps, dès lors que le nombre des mis sur la touche excède… si l'on peut dire.


Alors, on arrose, on promet, on assiste par avance. Les dirigeants ont peur.


L'agitation va peu à peu retrouver des lieux, au risque de paraître.


Ce n'est jamais au moment du pire que naît l'agitation sociale. Mais lorsque ça commence à aller mieux.


Me revient à l'esprit l'espérance naïve que l'on eût à la libération des camps de concentration. Cas extrême, certes, sans commune mesure… avec rien d'autre d'ailleurs.


Mais là aussi, l'ouverture soudaine a provoqué la mort. Alors, on a refermé les portes pour filtrer, prendre du temps.

Signalétique
 
1 Mai 2020, Rédigé par Edgard Thouy
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

23 Juillet 2020 , Rédigé par Edgard Thouy

Le terme plaît. On le répète l'envi, pour tout et son contraire.

On l'emploie pour le tabassage à mort d'un chauffeur de bus. Mais aussi pour l'absence de masque constatée sur des vacanciers rubiconds. Tout comme on vise ceux qui n'usent pas de crème fraîche avec les cartouches d'un gaz qu'on dit hilarant.

Incivilités encore pour ceux qui laissaient leurs trottinettes en travers du trottoir. Ou pour ceux qui les jettent dans la Seine ou le canal Saint-Martin.

Incivilité pour ces voyous qui font du rodéo sur des chevaux mécaniques, ici à moto et là en voiture.

Incivils aussi ces trottinetteurs (encore !) qui font du rodéo. Traduisez, des courses à la vitesse folle de 25 km/h sur le trottoir.

Décidément, trottoir et trottinettes... un même radical pour une antagonisme définitif.

Incivilité de ceux qui ne respectent plus l'uniforme, des pompiers aux policiers en passant par les soignants.

Incivilité pour ceux qui vilipendent tout détenteur de l'ordre, pourtant dévoué jusqu'à plus soif au bien public.

On nomme incivilité toute réticence envers l'ordre, l'insoumission étant bien rapidement devenue obsolète.

L'insoumission, c'était le monde d'avant. Maintenant, haro sur l'incivilité.

Naturellement, les dénonciateurs de cette gabegie, de cette banalisation de l'abus déplorent le manque de civisme sans s'astreindre eux-mêmes à la civilité qui voudrait qu'on ne mette pas tout dans le même sac. Ils demandent la répression, la sanction, hurlant contre des loups dont ils seraient victimes.

Aucun questionnement, cependant. Si la banalisation de l'irrespect est vraie, et pas seulement ressentie, si la délinquance est avérée - et non créée par l'accroissement du nombre des interdictions qui créent autant de délits - point d'interrogation sur les raisons d'être.

Au fond, que convient-il de faire lorsque siffle la cocotte minute arrivée en pression ? La réponse du monde d'après est simple : on serre la vis. Réprimons, pressons et compressons !

Est-ce que les plaintes ne s'accroissent pas plus vite et davantage que les maux qu'elles incriminent ?

Ah, si seulement...


6 Août 2020, Rédigé par Edgard Thouy

Si seulement on tirait des leçons de l'expérience !


Le Covid tient le haut de l'affiche depuis des mois. C'est lassant, et pas seulement décourageant. Irritant aussi pour beaucoup que les atermoiements, les changements de consigne, les obligations et contraintes rebutent.


A l'occasion, on devient fou, prêt à tabasser qui ferait une réflexion.




La science sort elle grandie de ces nombreux débats où la parole professorale énonce d'autant plus de prescriptions que diminuent les certitudes. Tout dépend de l'idée qu'on en a.


Si elle doit avoir réponse à tout, alors la cacophonie nuit et désespère. Si elle démultiplie les questions afin d'y répondre par des vérités partielles, alors l'ensemble paraît plus fumeux alors qu'il est complexe.


La science ne simplifie pas, mais diversifie en circonstanciant selon les différences agissantes.


Une journaliste béate, et peut-être heureuse, s'émerveillait de ce qu'elle voyait comme une novation : le médecin découvre en même temps que son patient, tous deux se tenant la main dans la marche vers des lendemains meilleurs.


Pourtant, aucun médecin ne sait comment réagira le malade à ce qu'il lui prescrit. Empirique en même temps que déductive, la médecine se fait au chevet, et de longue date, et dans l'incertitude. A ne pas confondre avec l'ignorance.


La journaliste montre au fond qu'elle a cru en une médecine scientifique, objectivée et donc gérable, à tous points de vue. Alors que l'histoire du Covid en montre précisément la limite. Tout ce que l'on apprend ne permet jamais que de dénombrer quantité de facteurs incidents. Leur interaction même déborde l'entendement.


Reconnaissons qu'on pousse la médecine à la faute. Elle doit guérir. Claude Bernard avait pourtant la sagesse de reconnaître : "Je soigne. La nature guérit".


On la pousse à la faute également pour préserver l'humanité, à défaut de remède. Alors, les paroles deviennent doctes, conjuratoires.


Quoi qu'il advienne, la science poursuivra sa route, l'élargira, de sorte que les accidents seront plus nombreux de ceux qui  la traversent sans regarder.

La superstition de notre monde moderne est de croire pouvoir maîtriser le monde ancien.


A force de faire croire que le modèle nouveau améliore les choses, le consumérisme trompe son monde en faisant croire qu'innover est inventer.


La science devient ainsi à l'image du conjoint infidèle, vilipendé pour avoir déçu, voire fauté.

Les fous du Puy


19 Août 2020, Rédigé par Edgard Thouy



Nous nous étions habitués à ce que l'on compte les spectateurs d'une manifestation par milliers.


Du reste, ce doit être une affaire de gros sous, puisque bien des spectacles vont de pair avec une mise en scène travaillée et des moyens importants.


La restriction au chiffre fatidique des 5 000 pour cause de pandémie a eu pour conséquence la suspension de nombre d'entre eux. Cela concerne aussi les sports, comme tous les rassemblements.




Encore faut-il compter avec les obligations faites, qui ne simplifient pas la tâche des organisateurs, ni ne diminuent les coûts.


Et voilà qu'on apprend que 9 000 personnes, soit près du double, ont assisté à une soirée du Puy du fou.


Au moins, cela montre qu'il y a une demande.


L'intéressant est ailleurs : dans la réaction, parfois indignée, à laquelle fait écho la presse.


La réaction est simple : "Pourquoi eux et pas d'autres ?"


A moins que ce ne soit carrément : "Pourquoi eux et pas nous ?"


La réaction invoque même une influence, voire une intervention d'Emmanuel Macron au bénéfice de Gérard de Villiers, tous deux qu'on dit liés.


Les fous du Puy sont-ils ceux qui auraient pris un risque invraisemblable en faisant surnombre, ou ceux qui protestent sous couvert d'hygiénisme ou de fait du prince ?


Qui d'ailleurs aurait été assez sot pour privilégier une manifestation aussi connue, déjà repérée pour une reprise précoce, alors que la scrutation tous azimuts est devenue une manie nationale ?



Peut-on faire confiance à un préfet, ou plutôt les services qu'il dirige, pour évaluer ce qui est ou non possible ?


Décentraliser, diversifier n'est pas pour demain puisqu'il semble qu'il faut que tout soit pareil partout.


Qui saura évaluer si oui ou non cette dérogation a été fautive parce que néfaste ?


L'heure - je devrais dire l'ère - est au soupçon. A force de répéter le devoir citoyen, on attise les frustrations, transforme les zélateurs en délateurs.


A quand les "comités citoyens", pour ne pas dire les nouvelles milices.


D'autant qu'avec la nouveauté d'une obligation du port du masque dans les lieux privés, on suscite les vocations dans toutes les copropriétés.

Un air de terroir



25 Août 2020, Rédigé par Edgard Thouy



L'homme s'obstine. Député, il poursuit son combat pour une loi interdisant la discrimination par l'accent.

Le caractère essentiel du problème n'échappera à personne.

Le comble vient de ce qu'il y a toujours des députés pour vouloir une loi nouvelle, alors que toute discrimination peut à bon droit donner lieu à une action en justice.

Que risquera-t-on à imiter un accent ? Car il y a une intention là-dessous.

Quelle manie de vouloir légiférer à tout propos !

S'il y a un dommage, si quelqu'un se sent victime, on peut ester en justice. L'affaire n'est évidemment pas simple, puisqu'il faut établir des faits, et s'engager probablement dans des frais.

Du reste, la gendarmerie ou la police ne facilitent pas toujours les choses. Ainsi rencontre-t-on des refus d'enregistrer une plainte, lorsque le fonctionnaire estime qu'il n'y a pas matière.

Il demeure que toute loi nouvelle apporte par nature des restrictions et des sanctions nouvelles. Alors qu'un cas particulier donnant lieu à réparation peut servir d'appui à des plaintes ultérieures sans qu'il y ait nécessairement de nouvelles interdictions à l'affiche.

Se plaindre de l'intolérance est devenu une nouvelle intolérance.

Lorsque la moquerie devient condamnable, l'ironie devient suspecte. Pour autant, aucune aversion, si elle existe, n'en sera modifiée.

De longue date, l'accent a été à la fois avantage et inconvénient, comme toute singularité. Qu'aurait été la carrière de Fernandel avec un accent pointu ? Alors on s'en saisit, on le maltraite, on le ridiculise, pour finir par le rendre à sa nature première : le terroir.

Ce serait plutôt la disparition des accents de terroir qui me soucierait. Entre tourisme et devoir de déplacement pour travailler, les accents se diluent, se perdent. On peut craindre que les idiomes suivent, les expressions locales ne supportant pas l'exportation.

La parole se décline dans les traditions où elle s'exprime, tant par sa forme que son contenu. Elle comporte une musicalité qui accompagne le propos par l'épaisseur d'une histoire.

La discrimination est une autre affaire, souvent issue d'un sentiment de suffisance.

Amusant que l'affaire se poursuive alors que le premier ministre du moment parle d'Oc.

Michaël Lonsdale


23 Septembre 2020, Rédigé par Edgard Thouy





Il y a des gens qui paraissent traverser la vie et le monde comme si de rien n'était.


Il y avait Philippe Noiret, mais aussi Michaël Lonsdale.


Leur physique n'aurait dû les laisser inaperçus, par leur taille et leur style. Et pourtant !




Ni l'un ni l'autre ne furent jeunes premiers. Furent-ils d'ailleurs jeunes, ou encore premiers ?


La différence de succès les sépare. La qualité de leur voix les rassemble.


Michaël Lonsdale naît entre deux langues et plusieurs pays. Une difficulté pour l'enfant et une aubaine pour l'adulte.


L'homme est hors d'âge, comme hors d'atteinte. La mode n'existe pas. Il va son chemin, avec discrétion alors que beaucoup connaissent son visage, sans doute mieux que son nom. Sa voix aussi.


Il arrive tôt au spectacle, dont il goûte un peu tous les genres : théâtre, cinéma, télévision, et ces autres activités où d'autres comédiens se perdent, entre besoin alimentaire et éclectisme.


L'homme paraît grave, échappant aux unes sans doute parce qu'il n'était pas sulfureux.


Un acteur croyant ! Une plaisanterie ?


Il fut aussi l'homme d'un seul amour. A défaut que celui-ci fût possible, aucun autre ne serait.


Une forme paradoxale de fidélité. Involontaire, comme d'habitude. On est comme on est !


Sur le tard, il vient à la peinture, avec un certain succès. Mais la discrétion, toujours.


Décidément, l'homme de scène n'est pas fait pour le spectacle hors des représentations. Il milite pourtant pour son art, s'associant volontiers aux initiatives qui servent la culture.


Voilà le contraire de l'homme à la mode. Le contraire d'un agité. Comment faire moderne lorsqu'on est, fondamentalement, fidèle ?


Le passant vient de s'en aller, après une longue carrière, dense, fournie, discrète.


Non ! Décidément, notre temps n'est pas celui de ceux qui servent leur art.

Avoir peur

 Edgard Thouy  25 Septembre 2020  

Quoi de plus naturel qu'avoir peur ?

Faut-il rappeler que notre système nerveux central a pour fonction première d'assurer notre survie en maintenant une attention permanente envers le monde qui nous entoure. 

Nous ne partons pourtant pas en courant, comme des chevaux, lorsque point une menace, une bizarrerie, une étrangeté. Mammifère nous sommes et nous restons, assurant notre quotidien par la vigilance.

Nous sommes, certes, devenus intelligents. Mais la peur existe toujours, à la limite de ce que nous ne comprenons pas.

Du reste, les raisons d'avoir peur ne manquent pas. La mort, la menace, la maladie... et que sais-je encore ?
Elle n'est pourtant qu'un signal, une invite. C'est la suite qui compte. Que faire afin d'assurer ce qui doit l'être ?
Le pire qui nous guette provient de l'impuissance. La peur sans issue.

Nous sommes inégaux devant elle, du lâche jusqu'au téméraire, en passant par le prudent et le raisonnable.
Commune, la peur requiert la réponse qui l'apaise, par la réponse trouvée. Du reste, l'expérience procure sans doute une sentiment de sécurité. Tout comme celui qui prend des risques apprend à les mesurer. Il ne s'y adonne pas, ne s'y livre pas, mais joue.

Et puis il y a la peur des autres, évidemment moins naturelle. Pourquoi et comment avoir peur de ses congénères ? Cela tient sans doute à l'enfance. Le difforme et l'étrange peuvent terrifier.
La peur naît dans l'enfance, tout comme le cauchemar. 
La vie en société devrait nous rassurer... comme les chevaux. Est-ce le cas ? D'autant que ce qui se dit, ce qui se transmet est ce qui frappe. 

On finirait par croire que la peur appelle une réponse sécuritaire, et non sécurisante. La société a inventé les forces de l'ordre, déclinées en plusieurs versions, filles de l'autorité de l'Etat.

Nos sociétés sont plus sûres ? Le croire est une chose. Sortir sans crainte en est une autre.
Du reste, la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen comporte ce droit à la sécurité. Du coup, l'Etat en est en charge.

En ces temps où l'épidémie s'obstine, j'entendais un préfet discourir, puisqu'à lui sont confiées les mesures à prendre. A ma grande honte, c'est lui qui m'a fait peur, son discours, son style, son ton. Contre le virus, je peux mettre un masque. Mais contre lui ?

Lorsque les défenseurs du bien disposent du pouvoir de l'Etat, j'ai peur.

L'art de la conversation



9 Octobre 2020, Rédigé par Edgard Thouy


La mort de Richelieu fut suivie d’un vent de liberté, d’expression tout au moins. La mode des salons offrit autant de cénacles aux opinions débattues, tout de même dans certaines limites. Ni Mazarin ni Louis XIV – dont on sait que la période libertine fut suivie d’une autre bien plus retenue – n’auraient d’ailleurs permis qu’il en allât autrement.


Ce fut le prélude au siècle des Lumières, référence universelle pour la connaissance et les droits.


De nos jours foisonnent les occasions de donner un avis, bientôt dilué dans le flot d’autres et des réactions, puis emportés dans la confusion.



Pourtant, il n’est pas certain que la forme ni le fond aient gagné dans ce progrès. Je vais donc hasarder quelques remarques ou conseils afin de rester dans les courants à la mode.


Ne craignez pas le néologisme ; il laisse croire à une idée nouvelle. « Bravitude » fut hasardeux, et « séparatisme » un peu approximatif. Qu’ont de commun corses, bretons, basques, canaques ou iliens divers avec l’islamisme ? Sans territorialité, comment parler de séparatisme ?


Osez donc le néologisme puisque l’exemple vient d’en-haut.


Faites suivre tout propos d’une remarque contraire qui le relativise pour montrer votre ouverture d’esprit.


Si un débatteur s’oppose vigoureusement à vous, ne dites pas qu’il professe des âneries, mais soulignez d’un « C’est intéressant ! » avec un sourire et un air entendu. Par-là même, vous invitez l’antagoniste à poursuivre et lorsque, satisfait, il reprendra son souffle, vous conclurez avec humilité : « C’est plus compliqué que ça ! » Tout cela pour signifier qu’il est bien un imbécile.


Parlez concret, comme l’homme de la rue, et éviter la pensée abstraite. Si vous voulez embrasser l’auditoire, n’oubliez pas le « Cellezéceux » par lequel vous pensez pour tous.


Ne dites pas « L’Homme » - ni d’ailleurs « La Femme », pour des raisons différentes – mais « l’agresseur », ou généralisez en préférant « le machisme », « le sexisme », ou encore « l’atavisme culturel » qui fera savant.


N’omettez ni une saillie genre écolo, ni une « empathie » pour le faible et l’opprimé. Glissez un « Nous sommes tous d’accord là-dessus » après une banalité sur laquelle vous entendez éviter le débat.


Pour soutenir une thèse, professez la « pédagogie ». Il y a peu de chances qu’on vous dénonce pour vouloir accaparer le strapontin professoral. Et si l’on vous met en difficulté, répliquez qu’il faut « nourrir l’intelligence et non s’en satisfaire ».


Si d’aventure on vous confronte à l’existence de quelque vice, affirmez avec autorité combien vous l’aimez, cette autorité. Faites suivre aussitôt de la nuance « … sans laquelle il n’y a pas de liberté », ou encore « de société », de « communauté », de « civilisation », « d’Etat ».


Concluez votre propos d’un « Il ne faut pas généraliser », et vous demanderez à celui qui insiste des exemples illustrant sa thèse. Après quoi vous soulignerez que « c’est un cas particulier ».


Evitez de vous marquer d’un « Je suis de ceux qui pensent », même et surtout si vous pensez votre interlocuteur débile. Même si le Sarko s’est calmé, évitez de vous y apparenter.


Enfin, si vous n’avez rien à dire, pensez culture, comme Bachelot. Evitez cependant « Que pensez-vous du dernier Houellebecq ? » bien trop polémique, et préférez un « Comment trouvez-vous nos tombes ? » (Amélie, bien sûr !)

Sévir
 
2 Décembre 2020, Rédigé par Edgard Thouy


 

Chez qui ?
 
 
8 Décembre 2020, Rédigé par Edgard Thouy
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Fichier
 
31 Décembre 2020, Rédigé par Edgard Thouy
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Le fou du roi est mort



25 Mars 2021, Rédigé par Edgard Thouy

Un carnaval, dit-on, s'est tenu à Marseille, enfreignant les règles, bravant les contraintes. Quelques milliers de personnes, apparemment jeunes, festoyaient avec des masques, mais non règlementaires, des vrais masques. Un peu de musique, de la danse, de la gaîté.


Sitôt interviennent les autorités, après une intervention de police somme toute modeste. On condamne les inconscients, les fous dangereux qui mettent la rue, la ville, la France, le monde en danger. Du maire au préfet, on fait la leçon. Qui n'a rajouté son mot.

Mais bon sang ! Qu'on les enchaîne ou qu'on les tue !



Précisément, le carnaval c'est l'exception, la levée de toutes les contraintes et interdictions. L'autorité est en suspens, on la moque, on ironise, on ose tout enfin, au mieux avec bonhomie.

Tout comme le fou du roi est hors d'atteinte, pouvant dire, clamer, critiquer, moquer qui bon lui semble. Le souverain aussi ? Bien sûr... mais avec quelque attention car un souverain blessé devient plus dangereux que le garnement du coin de la rue.

Lorsqu'il n'y a plus d'exception, c'est la totalité, le tout... n'osons dire le totalitarisme, mot réservé depuis un siècle aux régimes néfastes, autoritaires et souvent meurtriers.

Le fou du roi est mort, même si le roi élu s'entour de fous. La preuve ! Ils ne respectent pas les règles qu'ils édictent. Qu'ils télétravaillent ! Les moyens de communication ne leur manquent pas.

Au lieu de cela, ils font des clusters, se refilant le virus d'un minus-tère à l'autre. Une preuve, non ? Jusqu'au roi qui a cotisé... on va dire que c'était pour montrer sa vaillance.

Qu'on n'approuve pas des initiatives festives revenant à danser sur les braises est une chose. Que la chorale des tenants du pouvoir ne connaisse plus qu'une seule chanson dont elle s'exonère des paroles me semble assez peu soutenable, voire insupportable.

Je ne sais si j'aurais eu l'aplomb ou l'inconscience de festoyer avec les fous. Mais leurs rires et leur gaîté me touchent, bien plus d'ailleurs que les monolithiques harangues sur la nécessité.

C'est l'état d'exception, pour raison sanitaire. Alors l'exécutif exécute sans s'exécuter jamais. Et dans l'état d'exception, il n'y a pas d'exception !

Le nouveau spectacle


29 Mars 2021, Rédigé par Edgard Thouy



Le monde du spectacle est en deuil. Ou il le sera. "Covid m'a tué" pourrait-il dire !


Cause ou conséquence, le monde politique essaie d'occuper la scène. Sans grand succès, il me semble. Point de débat ou quasiment, puisque le parlement n'est plus qu'une chambre d'enregistrement. Les chansons y sont mièvres et convenues.


Quelque clameur de l'opposition ? Mélanchon tente souvent de faire une percée. Parfois, ses troupes tentent de le suivre pour sortir de la tranchée. Il faut tonitruer, mais tout lasse. Même Ruffin, qui est pourtant du monde du spectacle. Peu d'enthousiasme pour les barricades.



La Marine reste souvent au port, découvrant les vertus du silence.


Les verts procèdent façon guérilla, en désordre ; trois petits tours et puis s'en vont.


La mode est aux marionnettes. Notre génie national devient Gépetto. On le sait : Il aime la scène, se donner en spectacle. Il alterne les rôles entre Gépetto et Pinocchio. Le nez, curieusement, ne grandit pas.


Castex fait pantomime, mais il décide des entrées et sorties. Au fond, il gère la recette.


Dans le rôle du prédicateur fou, Véran, genre très comme il faut. L'homme qui n'a jamais tort.


De son côté, Darmanin joue Musclor, ou un Rambo devenu policier, avec une aboyeuse pour veiller.


Plus loin, presque en coulisse, les hommes de finances promettent des lendemains qui chantent. Pour l'heure, on continue de faire des gammes.


Dans le rôle de Monsieur Loyal, le porte-parole, qui épuise son innocence à justifier les scenarii qui ont du mal à faire recette. Au fond, on manque d'auteurs, comme de hauteur.


Les représentations deviennent rituelles : Ainsi le jeudi à 18 h, l'heure du couvre-feu, comme pour être sûr qu'il y  aura un peu de monde devant le poste.


Les journaleux font la claque, prédisant depuis la veille et l'avant-veille ce que sera le propos : "Demandez le programme !"


On frémit à l'approche de l'heure fatidique : Y aura-t-il une surprise ? On connaît le répertoire de la chorale en blanc : "Fermez tout !" Mais c'est le génie national qui tient la baguette.


Enfin, c'est le lever de rideau ! A la différence du virus, peu de variants. Est-ce parce qu'il faut serrer les fesses qu'il y a assaut sur le papier-toilette ? Quels sont les con-finis du jour ?


On se soulage à l'énonciation des victimes lorsqu'on n'en est pas.


Le "show must go on". A jeudi prochain !

Florilège Covid et Cie



15 Avril 2021, Rédigé par Edgard Thouy

L'inépuisable sujet a produit un nombre incalculable de discours. Hélas, leur côté souvent convenu, allant dans un sens ou un autre, fonctionne comme une mauvaise photocopieuse.


Les tics verbaux et mentaux mettent à mal le sens des mots et la réalité des choses. Les premiers servent plus à masquer les secondes qu'à en rendre compte.

Du coup, le langage complaisant modifie les significations, les raisonnements et la logique.



Voici à la suite quelques exemples. Ils ne seront évidemment pas exhaustifs.


« Les restrictions sont étendues ». Car il va de soi que le propre des restrictions est de développer et/ou se développer.


Selon les journalistes, Macron doit « donner un horizon ». Rappelons que l’horizon est une ligne virtuelle qui recule au fur et à mesure qu’on avance.

Présentiel et distanciel. De près ou de loin, deux manières de n’être pas tout à fait là.
Confiner dehors ? En bon français, cela s’appelle bannir.

Selon le gouvernement, les terrasses pourraient « rouvrir » fin mai. Une terrasse fermée est-elle encore une terrasse ?

Attestation de déplacement. Encore faut-il préciser qu’elle doit être écrite. Que vaudrait une attestation verbale ? Sans doute un procès-verbal.

Un mois (de rémunération) pour les jeunes. Dans mon jeune temps existait une association explicitement nommée : « Un toit pour les vieux ». De toi à moi, les temps changent, les nécessiteux aussi.


« Les enfants ne comptent pas » dit-on à propos du décompte de 6 personnes maximum autorisées en réunion. Qu’il s’agisse de capacité en calcul ou de l’importance qu’on leur accorde, le propos demeure amusant.


« Il faut accélérer la relance » entend-on à propos du terme de la pandémie et l’attente de reprise de l’activité. Fi donc de la « croissance douce » et du « développement durable ». L’intention n’est qu’un slogan.

A qui veut l’entendre, le gouvernement répond volontiers que ses objectifs sont atteints. C’est à ça qu’on reconnaît l’énarchie : c’est l’objectif qui compte et non la réalité.

Il n’y a pas que le français qui soit atteint (je devrais écrire "Tatin" tant c'est renversant). Le calcul l’est aussi. Ainsi apprend-on que si la pollution aux particules fines entraîne la mort de 40 000 personnes par an, neuf semaines de confinement ont permis d’épargner la vie de 2 300 décès. 

La règle de trois devient élastique.

Ah, ces jeunes !
 
22 Juin 2021, Rédigé par Edgard Thouy


 

Jalousie
 
 
23 Juillet 2021, Rédigé par Edgard Thouy
 
 

L'aveu plus blanc
 
2 Août 2021, Rédigé par Edgard Thouy
 
Etonnante prédilection que celle de notre génie national d'avouer.
D'ordinaire, on considère qu'il sied au coupable de se taire, alors que l'innocent doit être intarissable.
Le maître es-morale veut-il donner l'exemple ?
 
Chacun notera que ce qu'il avoue, ce sont les fautes des autres. Une nouvelle façon de "balancer".
 
On revient à l'école, où l'un des élèves était chargé, en l'absence momentanée de l'enseignant, de surveiller ses con-génères. En marquerait-il les noms au tableau, noir évidemment ?
L'astuce consiste, lors du retour du maître de céans, à dire "tous coupables", pour faire mine de porter comme un flambeau le mal commis par les autres. Une nouvelle version de Jésus crie... euh, Jésus-Christ.
Il faut dire que le type avait une propension notoire à s'allonger devant - ou avec - ses enseignants.
 
Il visite donc la planète où les lambeaux de souveraineté française attendent, après les aides, quelques menues réparations. 
 
En fait, le type fait les "soldes". Il brade la reconnaissance pour faire baisser les prix. 
 
Lui, évidemment, n'est jamais pour rien dans les maux qu'il regrette. Au moins, Chirac faisait mine contrite pour des motifs masquant ceux pour lesquels il eût dû être légitimement condamné. 
Quel est le plus vicieux du malin qui s'exonère ou de l'éternel innocent qui incarne la vertu du monde en s'agenouillant devant toute prière ?
 
Quelques centaines de soldats américains ont servi de cobaye pour évaluer les risques nucléaires. S'il est honteux de voir a posteriori le peu de cas fait de la vie humaine, qui va faire la leçon ?
Notre génie, bien sûr, toujours sans bouillir, comme une célèbre lessive, mais sans cadeau gratuit.
 
La macronie n'est pas dénuée d'intelligence. Elle n'est qu'opportuniste, masquant sa veulerie par un volontarisme de façade.
Après tout, autant hurler avec les loups.
 
Toute la question est de savoir si le mouton qui s'y risque au lieu de bêler sera épargné.

Ils étaient malheureux
 
18 Août 2021, Rédigé par Edgard Thouy
 

Et une de plus !
 
 
10 Novembre 2021, Rédigé par Edgard Thouy
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Jusqu'au bout

19 Novembre 2021, Rédigé par Edgard Thouy

On ne peut évidemment imputer à tous la mauvaise foi et la vilenie d'un seul.

Comment, cependant, ne pas s'étonner de l'énormité des propos de Fillon lors du procès en appel résultant des sommes qu'il s'est appropriées indûment. De l'ordre du million d'euros : une paille. L'équivalent du revenu net d'une vie de travail au SMIC.

Le cuistre peut sembler faire profil bas, baissant d'un ton en espérant sans doute que la sanction soit aussi revue à la baisse.

L'argumentation du voyou tient en peu de choses : il a fait comme tout le monde, arguant qu'en son temps tout un chacun employait qui sa femme, qui tel ou tel membre de sa famille.

Répondre à côté, en porte-à-faux, appartient à l'art de la politique. Le procès qui lui est fait ne réside pas en cela, mais bien dans le fait que sa femme n'a jamais exercé les activités qu'on (le mari) lui a prêtées (mais néanmoins financées). Du reste, elle-même ne savait pas qu'elle travaillait, se présentant alors comme sans activité professionnelle et toute dévouée à sa famille.

L'allure bon chic bon genre, catholique et bien tenu dans le coquet petit manoir, tout çà faisait réussite au mérite. Du reste, l'homme n'était pas en peine pour "mouiller" son voisin ! Qui, selon lui, aurait vu le général passer en justice ? Propos censé enterrer Sarko, alors qu'il ne fut que prophétique malédiction.

Dans le club assez fermé du moment, un autre voyou était Claude Guéant, qui avait du mal compter sa monnaie avant d'être reconnu délinquant, et condamné comme tel. L'inverse de Vidocq qui, lui, passa de la prison au ministère.

Le "avoir fait comme tout le monde" pourrait prendre des allures de rancune dénonciatrice envers ceux qui n'ont pas volé (si l'on peut ici employer ce terme) à son secours.

Il est évidemment fâcheux pour la politique qu'un de ses représentants, éminent ici, passe en justice. En outre, donner un pouvoir au juge sur l'homme politique n'est pas sans inconvénient.

Entre deux maux, il faut bien choisir le moindre, surtout lorsque celui qui a trempé les doigts et la main dans le pot de confiture prend des airs de premier communiant pour jurer à grand-mère qu'il ignorait où était la clef du buffet.