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Sujet: Guerre de 38/40 Lun 26 Jan 2015, 12:04
ENTRETIEN. Comment Auschwitz est devenu Auschwitz
Par L' Obs
Le 27 janvier 1945, par hasard, les soldats soviétiques "libèrent" d'Auschwitz. 70 ans et de longues batailles mémorielles plus tard, le camp est devenu le symbole de l'holocauste juif.
A l'entrée d'Auschwitz, en 2007. (ERIC LALMAND / BELGA)
En 2005, à l'occasion des 60 ans de l'ouverture du camp d'Auschwitz-Birkenau, "l'Obs" s'entretenait avec Annette Wieviorka, directrice de recherche au CNRS, et auteure de nombreux ouvrages sur l'histoire des juifs au 20e siècle. Dans cet entretien, que nous republions en partie, l'historienne raconte comment Auschwitz est devenu le symbole qu'il est aujourd'hui, de son ouverture jusqu'aux premières batailles de mémoire.
Le 27 janvier 1945, les Soviétiques libèrent Auschwitz. Qu'y trouvent-ils ?
- Le terme de "libération" est impropre. Des avant-gardes de l'Armée rouge découvrent par hasard ce camp, qu'ils ne cherchaient pas. Ils y trouvent quelques milliers de survivants, que les nazis ont abandonnés sur place parce qu'ils n'étaient pas en état de marcher. Les autres ont été évacués à la mi-janvier vers d'autres camps, lors de ce qu'ils nommeront eux-mêmes les "marches de la mort". La guerre continuait. Il fallait transférer ailleurs la force de travail que représentaient les déportés "aptes au travail".
A Auschwitz, ne restent donc que des mourants...
- 7.000 personnes environ, dans le camp central Auschwitz-I et la nébuleuse de camps environnants, dont 400 déportés de France, dans un état effrayant. Les Soviétiques n'ont rien prévu pour les prendre en charge. Ils doivent improviser.
Réalisent-ils à ce moment ce qui s'est passé à Auschwitz ?
- Pas clairement. Ils trouvent des baraques, des monceaux d'objets vêtements, valises, prothèses, les ruines des crématoires. Une commission d'enquête met au jour des archives, les plans des chambres à gaz, les boîtes de zyklon B. Les Soviétiques comprennent la fonction d'extermination des chambres à gaz. Mais ils refusent de voir, ou de dire, que c'était des juifs qu'on tuait, parce que juifs. Et pour employer un mot d'aujourd'hui, ils ne "médiatisent" pas cette découverte. Quelques articles paraissent dans la presse russe. Auschwitz ne fait pas les gros titres.
Et ailleurs dans le monde ?
- Pas davantage.
Même en France ?
- Oui. Les esprits sont ailleurs. En août-septembre 1944, l'essentiel du territoire national est libéré. Mais on compte près de 2 millions d'"absents", comme les nomme le ministre Henri Frenay : prisonniers de guerre, requis du STO et, très minoritairement, déportés pour faits de résistance ou "raciaux", comme on désigne à l'époque les juifs. Dans les plans de rapatriement, rien de particulier n'est préparé pour le retour des déportés. On n'imagine pas que beaucoup sont des mourants.
Vue du camp après son ouverture, en 1945 (AFP)
Après-guerre, une vision brouillée
Dans la France d'alors, quand on parle des déportés, on pense surtout aux résistants et aux politiques. Plutôt à Buchenwald ou à Dachau qu'à Auschwitz. Sous le terme "camps de la mort", on confond camps de concentration et camps d'extermination, captivité et élimination. Pourquoi cette cécité ?
- D'abord, les déportés de la Résistance qui reviennent sont infiniment plus nombreux (4.0000 environ, pour seulement 2.500 juifs). Certains sont des personnalités du monde politique d'avant-guerre ou font partie des élites de la République. Ils écrivent, interviennent dans la vie publique, créent des associations. C'est Christian Pineau, Claude Bourdet, Marcel Paul, Marie-Claude Vaillant-Couturier, Edmond Michelet. Les survivants juifs sont le plus souvent des petites gens, tailleurs, casquettiers, parfois très jeunes, et confrontés à une absolue détresse : leurs familles ont été décimées, leurs maigres biens pillés, leurs logements occupés. Ils n'ont guère de moyens de se faire entendre. Dans notre société moderne, la parole des victimes est sacrée, la souffrance individuelle doit s'exprimer. Ce n'était pas le cas en 1945. La parole appartenait aux représentants d'associations structurées. Et l'heure était à la célébration des héros de la Résistance. D'autre part, les déportés de France ont été rapatriés plusieurs mois après la libération d'Auschwitz, venant de Buchenwald pour la plupart, y compris les juifs qui avaient survécu aux "marches de la mort".
Et c'est de Buchenwald que viennent les premières images de déportés faméliques en pyjama rayé qui vont fixer l'image du déporté, faisant écran à la réalité de l'extermination. Car ceux qu'on menait à la chambre à gaz d'Auschwitz étaient en pleine santé et n'ont jamais porté le pyjama ?
- Absolument. Ce brouillage sera encore renforcé par les images de Bergen-Belsen, les bulldozers poussant des monceaux de cadavres, que l'on retrouve en 1956 dans "Nuit et Brouillard", d'Alain Resnais, présentées à tort comme des images de l'extermination. Or l'extermination, ce n'est pas cela : ce sont des femmes, des vieillards, des enfants, des gens ordinaires, gros ou maigres, vêtus normalement, qu'on trie à la descente du train et dont la plupart sont aussitôt assassinés.
Faire entendre l'Histoire
Comment la vérité historique de l'extermination va-t-elle peu à peu ressortir de cette vision brouillée de l'après-guerre ?
- C'est avec le procès Eichmann, en 1961, ce "Nuremberg du peuple juif", comme disait Ben Gourion, qu'émerge dans l'opinion publique la conscience du génocide. Les rares travaux historiques menés jusque-là, grâce à la masse de documents rendus publics au moment de Nuremberg, ont eu peu d'écho. Le sort des juifs n'est au centre ni du procès de Nuremberg ni de ceux de la collaboration en France. A partir du procès Eichmann, l'idée s'impose que les juifs ont subi un sort particulier. C'est à ce moment, par exemple, que Raul Hilberg trouve enfin un éditeur pour sa thèse, "la Destruction des juifs d'Europe". Le second événement déterminant, c'est la guerre des Six-Jours, en 1967. Elle est vécue par les juifs, en Israël et en diaspora, comme la possibilité d'un second Auschwitz dans la même génération, ramenant au premier plan une mémoire qui avait été mise de côté.
Vous voulez dire que les juifs eux-mêmes avaient refoulé Auschwitz ?
- Refoulement n'est pas le mot. Le souvenir a toujours été présent dans les familles. Mais c'était une affaire privée. Dans l'après-guerre, la communauté juive elle-même ne met pas l'accent sur les temps de la persécution et de l'extermination. Les responsables communautaires s'occupent activement de la réintégration, de la restitution des biens. La mémoire n'est pas un enjeu. Cela explique le choc du procès Eichmann, qui se propage et va gagner la France. L'action de Serge Klarsfeld est ici décisive, mais le temps rend aussi les choses audibles. La mémoire d'Auschwitz, portée par des acteurs juifs, pénètre dans l'espace public à la fin des années 1960. Quand Robert Paxton publie "la France de Vichy", en 1973, les esprits ont changé : l'opinion publique est prête à l'accueillir. Mais il faudra encore une dizaine d'années pour que la Shoah soit placée au centre de la réflexion sur la Seconde Guerre mondiale et pour qu'Auschwitz devienne ce qu'il est pour nous : le nom servant à désigner globalement la solution finale.
Sur le silence des juifs dans les années d'après-guerre, deux points de vue s'opposent. Les uns disent : ayant été mis à part dans les persécutions, ils refusaient d'être mis à part dans le deuil. D'autres, avec Simone Veil, soutiennent que si on n'a pas entendu la souffrance des juifs, c'est qu'on ne voulait pas l'entendre...
- Les deux ne s'excluent pas. Dans la sphère privée, les familles endeuillées répugnent à entendre le récit des souffrances. Dans la sphère publique, les juifs ne sont pas les "bons" déportés. Ils n'ont pas été des résistants. Mais il est vrai aussi que les juifs de 1945 souhaitent majoritairement s'intégrer à nouveau dans la France républicaine, une France qu'ils ne mettent pas en accusation. Le silence sur la persécution est donc largement consensuel.
Le retour de mémoire est donc lié au début de la réflexion et de l'interpellation sur le rôle de l'Etat français.
- Oui et non. Ces mouvements de mémoire sont transnationaux. On retrouve les mêmes rythmes en France, aux Etats-Unis, en Israël. Mais les modalités sont nationales. En France, c'est l'interrogation sur les responsabilités propres de Vichy.
Sous l'impulsion de Serge Klarsfeld, les enfants de déportés deviennent des "militants de la mémoire", ils demandent des comptes...
- Et ils obtiennent beaucoup. Au niveau judiciaire, ce sont les procès Barbie, Touvier et Papon : un responsable régional de la Gestapo, un milicien, un représentant de l'Etat vichyste. Au niveau politique et symbolique, c'est une succession de pétitions et de manifestations exigeant de Mitterrand un acte de repentance. Il refuse, mais il institue la "journée à la mémoire des victimes de l'Etat français" (16 juillet), inaugure un monument à l'emplacement du Vel' d'Hiv', la Maison d'Izieu. Il fait tout cela à contretemps, et peut-être à contrecoeur, mais enfin il le fait. Cependant, il n'a pas de mots forts. Les mots forts sont ceux de Jacques Chirac, le 16 juillet 1995, reconnaissant, dans un discours d'une grande hauteur, que la France a envers ceux qui ne sont pas revenus d'Auschwitz "une dette imprescriptible".
Et l'on arrive au troisième volet : la réparation matérielle. C'est la mission Mattéoli, la reprise des indemnisations sous l'égide de la commission Pierre Drai, enfin la création de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, présidée par Simone Veil. Ainsi, aux niveaux judiciaire, symbolique et matériel, les comptes entre les juifs et la France sont désormais apurés.
Comment Auschwitz est devenu symbole
Le choix d'Auschwitz comme symbole de la Shoah était-il le bon ? Auschwitz n'était pas seulement, selon l'expression de Hilberg, un "centre de mise à mort". C'était aussi un complexe industriel, un camp pour droit-commun, prisonniers de guerre russes, résistants polonais, etc. Si l'on voulait désigner la solution finale dans son absolue singularité ?
- C'était Belzec, évidemment, exclusivement voué à l'extermination. Mais il y a très peu d'archives sur Belzec, quasiment pas de survivants, donc de témoins. Le lieu a été rasé, des arbres très vite replantés. Comment concevoir un lieu de mémoire quand il y a si peu de traces ? Auschwitz est à la fois le camp où il y a eu le plus de victimes, autour d'un million de morts, et paradoxalement de survivants, et celui où se "lit" le mieux le projet génocidaire nazi.
C'est-à-dire l'utilisation du système concentrationnaire à des fins génocidaires ?
- Auschwitz, en effet, c'est d'abord un des nombreux camps de concentration créés par les nazis, en Allemagne, puis dans les territoires annexés, afin d'y interner les opposants et "indésirables" de toutes sortes. Il entre en service le 14 juin 1940. En mars 1941, Himmler, visitant Auschwitz, décide la création, à Birkenau, d'un immense camp destiné à recevoir des prisonniers de guerre soviétiques, et la construction à Monowitz, à quelques kilomètres, d'une usine de caoutchouc synthétique (Buna, en allemand, nom que retiendront les déportés). C'est seulement au printemps 1942 qu'il devient le lieu de la destruction des juifs de toute l'Europe. Des installations inédites sont érigées à Birkenau pour tuer par le gaz et faire disparaître les corps. Ces chambres à gaz-crématoires intègrent toutes les étapes, jusqu'au traitement des cheveux. Birkenau, c'est le taylorisme appliqué au meurtre.
Avec, au coeur du système, la sélection, chargée de pourvoir à la fois la chambre à gaz et l'usine de Monowitz ?
- La sélection s'impose quand les nazis assignent à Birkenau deux fonctions : éradiquer les juifs, mais aussi utiliser leur force de travail, parce que la guerre dure et qu'on a besoin de main-d'oeuvre. Les nazis "sélectionnent" donc ceux qui doivent être immédiatement éliminés et ceux qui sont "aptes au travail".
Galerie de portraits de déportés dans un baraquement du camp, en 2006. (Joel Klamar / AFP)
Victimes polonaises ou victimes juives ?
En 1967, sur le monument international dédié aux victimes, on pouvait lire : "Quatre millions de personnes ont souffert et sont mortes ici dans les mains des meurtriers nazis entre 1940 et 1945." Au-delà de l'exagération du chiffre, comment expliquer un tel confusionnisme, allant jusqu'à occulter la judéité de la majorité des victimes ?
- Pour les Polonais, Auschwitz, c'est le lieu du martyrologe polonais. Le lieu de la mise à mort des juifs, c'est Treblinka. Dès la fin de la guerre, une muséographie se met en place à Auschwitz. Elle est au départ très nationale-catholique. Avec la guerre froide, elle impose une lecture communiste et internationaliste. Elle demeure très polono-centrée. Lors de l'inauguration du monument où figure cette inscription, en 1967, le Premier ministre Cyrankiewicz, ancien du camp, ne mentionne pas les juifs parmi les assassinés. Il évoque les victimes "de Pologne et de tous les pays d'Europe". Or, si des Polonais catholiques sont morts à Auschwitz en grand nombre (environ 75.000), les victimes non juives d'autres nationalités ne sont qu'une infime minorité.
Une manière de réintégrer à titre posthume les juifs dans la communauté nationale ?
- Ce n'est pas le cas. D'un côté, l'identité juive des victimes est niée ; d'autre part se glisse l'idée que les Polonais étaient voués à l'extermination, ce qui n'est pas tout à fait vrai. Dans la hiérarchie hitlérienne des races, les Slaves étaient voués à une fonction d'esclaves, pas à une éradication rapide. Les Polonais gazés par convois entiers étaient juifs. Gazés parce que juifs, pas en tant que Polonais. Cette inauguration, en 1967, provoque d'ailleurs de vives protestations, mais elles ne trouvent guère d'écho. En 1979 encore, quand Jean-Paul II y célèbre une messe et qu'il dresse l'autel sur les ruines des chambres à gaz-crématoires, cela ne soulève pas un tollé. Il faut attendre la fin des années 1980 et l'affaire du carmel d'Auschwitz pour que s'engage la bataille de la mémoire. Le combat contre la présence des carmélites cristallise la protestation contre ce qui est perçu comme une christianisation de la Shoah.
Propos recueillis par par Agathe Logeart et Claude Weill
Article publié dans "le Nouvel Observateur" du 13 janvier 2005
Faï Tirà Peyroulienne
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Sujet: Auschwitz : comprendre où conduit la négation de l’humanité Mar 27 Jan 2015, 13:28
Auschwitz : comprendre où conduit la négation de l’humanité
Jean-Paul Piérot
L'Humanité
http://www.humanite.fr/
Libération du camp d'extermination par l'armée soviétique, le 27 janvier 1945. Photo : Bilderwelt/Roger-Viollet
70 ans après la découverte du génocide de plus de 6 millions de juifs et de 300 000 Tsiganes, dire l’horreur est indispensable. Mais pour prévenir les abominations de demain, la mémoire doit s’accompagner d’une réflexion toujours plus solide, étayée, sur les voies que peut emprunter l’inhumanité.
«Ce que nous avons vu dépassait tout ce que nous avions connu jusque-là. Imaginez une peau tendue sur des os et les yeux, surtout les yeux. C’était effrayant. Sur les visages, il y avait des larmes, des sourires, mais nous ne voyions en fait qu’une grimace. »
Ces images se sont imprimées à jamais dans la mémoire de ce soldat soviétique, qui, plusieurs décennies plus tard, tentait de décrire pour l’Humanité le choc qu’il ressentit en ce 27 janvier 1945 quand son unité franchit les portes du camp d’Auschwitz.
Quelques milliers de corps décharnés, à bout de forces, des hommes qui semblaient « indifférents, hébétés », des enfants terrorisés jusqu’à ce qu’ils comprissent que ces militaires n’étaient pas des SS, mais leurs libérateurs. Les SS, eux, étaient partis depuis le 18 janvier, jetant sur les routes de ce glacial hiver polonais des dizaines de milliers de déportés vers d’autres camps plus à l’ouest, sur le territoire allemand, Ravensbrück, Buchenwald… Les « marches de la mort » allaient décimer la cohorte des survivants.
Ces scènes apocalyptiques se déroulent alors que le sort de l’Allemagne nazie est scellé depuis longtemps. Des êtres humains continuent d’endurer d’indescriptibles souffrances, de subir la sélection qui les mène à la chambre à gaz, d’alimenter les fours crématoires alors que les Américains ont déjà débarqué, que l’Armée rouge fonce sur Berlin, que Paris est déjà libéré, et que la Résistance a chassé les traîtres de Vichy.
Ce cruel décalage ne facilitera pas la prise de parole des survivants pour témoigner, à leur retour. Ils sont plus enclins à partager la joie de la liberté recouvrée avec leurs proches qu’à tenter d’exprimer l’indicible. Certains termineront leur vie en gardant pour eux seuls ce terrible passé. Jorge Semprun attendra près de vingt ans pour publier le Grand Voyage qui relate sa déportation à Buchenwald.
Auschwitz, gigantesque complexe de la mort industrielle, usine du génocide où plus d’un million de déportés, juifs pour la plupart, ont été assassinés. La « solution finale » édictée en 1942 à la conférence de Wannsee se soldera par l’extermination de six millions de juifs dans les camps, dans les ghettos, au cours des pogroms perpétrés par les Einsatzgruppen sur le territoire soviétique.
Dans les quatre mois qui vont suivre, tout le système concentrationnaire du Reich sera détruit par l’avancée des troupes alliées, soviétiques, américaines et britanniques, et dans plusieurs cas, en liaison avec des soulèvements des détenus organisés par les organisations clandestines de résistance. Ainsi lorsque l’armée américaine pénétra dans le camp de Buchenwald, les résistants venaient de se rendre maîtres des lieux.
Ces enfants font partie des rares survivants d’Auschwitz, centre d’extermination le plus important de toute l’Europe où ont péri 1,1 million de personnes, dont 90% de juifs. Photo : AP /CAF PAP
Indicible.
Difficile transmission quand les mots sont toujours trop faibles. Marie-Claude Vaillant-Couturier, déportée à Auschwitz en janvier 1943 puis transférée à Ravensbrück à l’été 1944, qui livra le premier grand témoignage public face aux bourreaux jugés au procès de Nuremberg, observait en concluant une déposition bouleversante de sobriété et d’humanité : « Il est difficile de donner une idée juste des camps de concentration quand on n’y a pas été soi-même, parce qu’on ne peut que citer les exemples d’horreur, mais on ne peut pas donner l’impression de cette lente monotonie, et quand on demande qu’est-ce qui était le pire, il est impossible de répondre, parce que tout était atroce : c’est atroce de mourir de faim, de mourir de soif, d’être malade, de voir mourir autour de soi toutes ses compagnes, sans rien pouvoir faire, de penser à ses enfants, à son pays qu’on ne reverra pas, et par moments nous nous demandions nous-mêmes si ce n’était pas un cauchemar tellement cette vie nous semblait irréelle dans son horreur. »
Confronté à l’impossibilité de qualifier l’entreprise nazie de simple crime de guerre ou de crime contre la paix, le tribunal de Nuremberg a défini la notion de crime contre l’humanité, caractérisé par la volonté d’écarter un groupe humain de la communauté humaine. Cet instrument juridique a permis de faire passer la justice sur d’autres entreprises criminelles de type génocidaire au Cambodge, au Rwanda, dans l’ex-Yougoslavie.
Le 70e anniversaire de la libération des camps est percuté par une actualité lourde. Des caricaturistes assassinés dans une salle de rédaction, des hommes ciblés parce que juifs dans un supermarché casher, la multiplication d’actes islamophobes, des Roms méprisés, dont le dénuement est perçu comme une menace…
L’antisémitisme n’a pas été éradiqué, le racisme postcolonial fait toujours des ravages, les phobies irrationnelles se multiplient en temps de crise.
Et en Ukraine, où entre 1941 et 1944 les Einsatzgruppen massacrèrent plusieurs centaines de milliers de juifs et de communistes soviétiques, des milices extrémistes se réclament du collaborateur pronazi Stepan Bandera. La question n’est pas de se livrer à des comparaisons abusives, mais de réfléchir aux abominations auxquelles a pu conduire, il y a moins d’un siècle, la négation de l’humanité.
Citation :
Hommages et polémiques. Une cérémonie en présence de François Hollande se déroulera aujourd’hui dès 9 heures au Mémorial de la Shoah à Paris en souvenir des 75 000 juifs de France envoyés dans les camps de la mort, en présence d’une centaine de survivants. Le président de la République participera dans l’après-midi à l’hommage officiel sur le site de l’ancien camp d’Auschwitz-Birkenau avec d’autres chefs d’État, dont le président ukrainien Porochenko.
Vladimir Poutine sera absent, n’ayant pas, a-t-il avancé, été invité. La polémique avait été lancée par des déclarations de Kiev affirmant que le camp avait été libéré par des soldats ukrainiens, oubliant que Russes et Ukrainiens étaient alors des soldats soviétiques.
Faï Tirà Peyroulienne
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Sujet: Re: Guerre de 38/40 Mar 27 Jan 2015, 13:54
Je pense à Pierre Albran qui fut déporté dans ce camp et qui, m'avait-il dit, avait eu beaucoup de mal à se libérer par la parole et raconter ce qu'il avait alors vécu.
Il n'était pas juif, il était juste communiste, il avait dans les 17 ans
Personne ne pouvait (ne voulait) croire cette triste réalité et il aura fallu des mois et des années afin que les français et le monde entier puissent accepter cette souffrance.
Parole enfin libérée...
Anecdotes qu'il m'avait aussi raconté tel ce petit garçon qu'ils avaient caché, lui et ses camarades.
Enfant caché dans un baraquement alors qu'ils partaient travailler pour une longue journée. Enfant qui, finalement n'a jamais réussi à récupérer sa vie !
C'était, il y a 70 ans, certains ont réussi à pardonner, sentiment incroyable et si humaniste.
C'était, il y a 70 ans alors il est nécessaire de faire passer toujours et encore le message aux nouvelles générations non pas pour que cela ne se reproduise plus puisque ce n'est, ça n'a jamais été le cas (Asie, Afrique, Amérique du Sud, Europe) tous les continents ont été mêlés de prés ou de loin à un génocide mais pour se rappeler, se souvenir, nous renvoyer sans cesse et encore à notre souvent et pitoyable statut d'humains !
Il est aussi de la plus haute importance de faire connaître notre (cette) Histoire aux enfants de nos écoles mais de leur apprendre aussi le ciment des piliers de notre République : respect des religions et laïcité, démocratie...
RESPECT
Faï Tirà Peyroulienne
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Sujet: Re: Guerre de 38/40 Mar 27 Jan 2015, 14:03
Jean Ferrat ~ Nuit et Brouillard
Jean Ferrat est le fils de Mnacha (dit Michel) Tenenbaum, déporté par les nazis et qui meurt à Auschwitz
Faï Tirà Peyroulienne
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Sujet: Primo Levi : Si c'est un homme Mar 27 Jan 2015, 21:44
Cet ouvrage m'a été fortement conseillé par Pierre et Marie-Jeanne Albran, je l'ai donc acquis et lu et je vous invite aussi à le faire.
Primo Levi
Biographie et informations
Nationalité : Italie Né(e) à : Turin , le 31/07/1919 Mort(e) à : Turin , le 11/04/1987
Biographie :
Primo Levi est né dans une famille bourgeoise juive. Il fréquente le lycée d'Azeglio puis l'Université de Turin où il obtient en 1941 un doctorat de chimie. Il travaille un temps dans une mine d'amiante puis à Milan, dans une entreprise suisse de médicaments.
Après la chute de Mussolini le 25 juillet 1943, il tentera de rejoindre le groupe de résistants antifascistes du Partito d'Azione mais sera arrêté le 13 décembre de la même année dans les montagnes du Val d'Aoste par la milice de la République sociale de Salo. Il est emprisonné au camp italien de Fossoli di Carpi puis livré aux allemands et déporté à Auschwitz le 20 février 1944.
Il y travaillera au laboratoire de chimie de l'usine de caoutchouc de Monowitz d'où il sortira le 27 janvier 1945, lors de la libération du camp par l'Armée rouge soviétique. Primo Levi trouve alors un emploi dans une petite entreprise de peinture dont il deviendra par la suite directeur et où il restera jusqu'à sa retraite.
Dès son retour il ressent le besoin d'écrire ses souvenirs. En 1947, il publie chez un petit éditeur son premier livre, intitulé Si c'est un homme. Ce récit de sa survie dans l'univers concentrationnaire ne connaît pas immédiatement un grand succès mais marquera ensuite fortement les esprits de l'Europe d'après-guerre. Au cours des décennies suivantes, il sera traduit dans une trentaine de langues, intégré dans les programmes scolaires, et se vend aujourd'hui encore à 200.000 exemplaires par an rien qu'en Italie.
A sa retraite, Primo Levi se consacrera pleinement à l'écriture et à son travail de mémoire. Il publiera plusieurs récits poignants sur son expérience de juif italien, de chimiste ou de prisonnier. Citons entre autres La Trêve (1963) où il raconte son voyage de retour en Italie après sa libération, Le Système périodique (1975), La Clé à molette (1978), Maintenant ou jamais (1982) ou encore Les Naufragés et les Rescapés (1986).
Primo Levi ne détient pas d'un style littéraire particulier et n'appartient à aucun mouvement artistique. En effet, il ne commence à écrire qu'après sa détention à Auschwitz. Comme il le dit dans la préface de son roman Si c'est un homme, il dit « Je suis conscient des défauts de structures de ce livre ».
Dépressif, Primo Levi se donnera la mort le 11 avril 1987 sans laisser aucune lettre ou explication sur ce suicide.
http://www.primolevi.org/
Si c'est un homme
Vous qui vivez en toute quiétude Bien au chaud dans vos maisons Vous qui trouvez le soir en rentrant La table mise et des visages amis, Considérez si c'est un homme Que celui qui peine dans la boue, Qui ne connait pas de repos, Qui se bat pour un quignon de pain Qui meurt pour un oui ou pour un non.
Considérez si c'est une femme Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux Et jusqu'à la force de ses souvenir, Les yeux vides et le sein froid Comme une grenouille en hiver. N'oubliez pas que cela fut, Non ne l'oubliez pas: Gravez ces mots dans votre cœur Pensez-y chez vous, dans la rue, En vous couchant, en vous levant: Répétez-les à vos enfants. Ou que votre maison s'écroule, Que la maladie vous accable Que vos enfants se détournent de vous.
Faï Tirà Peyroulienne
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Sujet: Auschwitz 70 ans après : donner tort à Marceline Loridan Mar 27 Jan 2015, 21:59
Billet
http://rue89.nouvelobs.com/
Auschwitz 70 ans après : donner tort à Marceline Loridan
Pierre Haski | Cofondateur
Marceline Loridan a bousculé la radio ce mardi matin. Ce petit bout de femme à la chevelure rousse, d’apparence si fragile, n’en a cure des convenances. Survivante d’Auschwitz, elle était l’invitée de la matinale de France Inter pour les 70 ans de la découverte du camp nazi. Elle y a dit ce qu’elle avait sur le cœur, et elle ne l’a pas tendre.
Marceline Loridan-Ivens, le 15 janvier 2015 à Paris (DOMINIQUE FAGET/AFP)
La cinéaste n’a ainsi pas pris de gants pour réduire en bouillie la chronique de Bernard Guetta, qui tentait de philosopher sur Auschwitz, et exprimer son pessimisme profond sur le fait qu’on n’apprend pas, que le monde reproduit l’antisémitisme depuis 2 000 ans et que ce n’est pas prêt de s’arrêter, et que c’est pour ça qu’elle n’a jamais voulu avoir d’enfant après son retour du camp de la mort.
Et s’il n’y avait eu que des victimes juives...
Marceline Loridan a parfois laissé Patrick Cohen sans voix, sans question prête pour enchaîner comme tout bon intervieweur ; et elle a posé une question tabou :
Citation :
« Est-ce que les Français seraient descendus dans la rue s’il n’y avait eu que des victimes juives début janvier ? »
Marceline Loridan-Ivens à France Inter
Le 27 janvier 2015
Poser la question, c’est y répondre. Les Français ne sont pas descendus dans la rue lors de la tuerie de l’école juive de Toulouse, en mars 2012, et il y aurait eu un grand émoi mais pas le même choc sans l’attaque sans précédent de la rédaction de Charlie Hebdo.
Des « lâches » dans les classes qu’elle visite
En décembre, j’ai eu la chance d’assister à un incroyable « spectacle » : Marceline Loridan était sur scène, au Forum des images de Paris, avec le cinéaste Yves Jeuland, qui, pendant trois heures entrecoupées d’extraits de films et de musique yiddish, a parlé de ses parents juifs polonais, de sa jeunesse française, du milicien vichyste qui a tenté de la violer en l’arrêtant mais qui a en a été empêché par un soldat allemand sous prétexte qu’on « ne touche pas à cette race-là »..., de son expérience des camps, et de la vie après Auschwitz.
« Servir le peuple » est devenu « Servir le RMB » (la monnaie chinoise), Marceline Loridan, le 29 mai 2014 à Paris (Pierre Haski/Rue89)
La salle était pleine à craquer, et d’Auschwitz à la Nouvelle Vague ou à la Chine de Mao qu’elle a connue – et soutenue –– de (trop) près avec son mari Joris Ivens, cette vie exceptionnelle a défilé entre larmes et rire, entre tragédie et parfois comédie. Mais mardi matin, Marceline Loridan était en colère, ou peut-être pire, désabusée. Se demandant si ça servait réellement à quelque chose de témoigner sur Auschwitz à partir du moment où cette mémoire-là n’empêchait pas de nouveaux crimes, de nouvelles haines, n’empêchait pas des enfants d’être indifférents lorsqu’elle diffuse son film dans les écoles : des « lâches », dit-elle sans concession. Et le pire, c’est qu’il s’est trouvé un auditeur de parents algériens, éducateur de son état, qui s’est senti obligé d’appeler pour dire l’importance du « devoir de mémoire » sur les camps, et l’importance de cette histoire tragique partagée. Comme s’il fallait montrer, au nom du politiquement correct d’aujourd’hui, que cette mémoire était véritablement collective, Arabes compris.
Concurrence mémorielle
Toutes les contradictions de la société française post-Charlie se retrouvaient dans ce qui aurait dû être une journée de commémoration comme la France en connaît tant. Au même moment, les statistiques des actes antisémites, en forte augmentation en 2014, commençaient à circuler sur les sites d’info et les réseaux sociaux, comme en écho au pessimisme de Marceline Loridan. Des statistiques qui en appelèrent aussitôt d’autres : il se trouva sur Twitter quelqu’un pour faire observer qu’il y a eu plus d’actes islamophobes depuis le début de 2015 que pendant toute l’année 2014... Cette querelle victimaire fait partie du mal français, avec son corollaire, la concurrence mémorielle.
Les faiblesses de l’Histoire
Qui est le plus malheureux, qui est le plus persécuté, qui subit le plus dans la France d’aujourd’hui ? Cette question se pose depuis longtemps, et constitue le non-dit malsain d’une journée de commémoration d’Auschwitz. Cette énergie négative empoisonne la société française depuis des années, et ressurgit à chaque tragédie : l’affaire Halimi, Toulouse, Gaza, Charlie Hebdo et Vincennes... De quoi donner raison au « pessimisme de la raison » de Marceline Loridan. Comment transformer cette énergie négative en énergie positive ? Comment faire de ces faiblesses de l’Histoire, de notre histoire, de nos histoires entremêlées avec leurs parts d’ombre et de lumière, un facteur d’unité pour repousser la barbarie, sous toutes ses formes ? Peut-être est-ce à cette question que devrait être consacrée la journée d’Auschwitz. Pour donner tort à Marceline Loridan.
PS : France Culture a eu la bonne idée de diffuser lundi en fin d’après-midi des archives INA sur la manière dont on parlait des camps en 1945-46. A écouter pour constater, justement, que le monde change, et pas qu’en mal.
Aller plus loin
Sur Rue89 Marceline Loridan a filmé la Chine de Mao : « Je fus dupée par mon époque »
Sur Rue89 Le « Grand entretien » lumineux de Marceline Loridan-Ivens
Sur Rue89 Mémoire de la Shoah : la Toile, devenue un vaccin contre l’oubli
Sur Rue89 - Les Blogs « Ma vie balagan » : les valises de Marceline Loridan-Ivens
Faï Tirà Peyroulienne
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Sujet: Digne-les-Bains : rêver et résister ! Mer 28 Jan 2015, 10:59
Digne-les-Bains : rêver et résister !
http://www.hauteprovenceinfo.com/
C'est ce que propose le festival Mémoires de Résistance du 28 au 31 janvier.
Plus que jamais, le festival Mémoires de résistance de Digne-les-Bains s'inscrit pleinement dans l'air du temps... "Interroger le passé, donner des perspectives pour le présent, et donner de l'espoir...". Car avec ce qui vient de se passer, commente Monique Etienne, co-organisatrice de ce festival huitième édition, au côté de nombreux partenaires, « on a besoin de rêver, de se projeter dans uneutopie qui motive et de résister ».
Rêver et résister, mais aussi comprendre pour évoluer et surtout travailler à trouver les bonnes réponses aux problématiques de notre société, dont certains effets conduisent purement et simplement à la destruction. Faut-il toujours attendre le pire pour réagir ? Avant toute chose, il convient de réfléchir, travailler la connaissance et être dans l'action avant même la réaction. Et pour ce faire, Mémoires de résistance recevra nombre d'intervenants qui devraient apporter un peu de lumière au cœur de la réflexion à mener.
Ainsi, on retrouvera tout au long de cette nouvelle édition : Gilles PERRET, réalisateur. «Ses œuvres sont ancrées pour la plupart dans son pays des Alpes, sa manière d'aborder le tourbillon du monde actuel et la réalité politique et économique. Avec Les jours heureux, il revient sur la rédaction du programme du Conseil National de la Résistance qui aura un grand impact sur le système social français».
Marie-Monique ROBIN, journaliste d’investigation, réalisatrice et auteure engagée pour les droits du « mieux vivre », prix Albert Londres en 1995. Après Le Monde selon Monsanto, Torture Made in USA, Notre Poison Quotidien et Les Moissons du Futur, elle présente son nouveau film documentaire intitulé Sacrée Croissance, décliné en livre et en DVD. Chacun de ses livres raconte en détail l’enquête menée à l’occasion d’un de ses films et approfondit son propos par un complément documenté.
Yannis YOULOUNTAS, écrivain franco-grec, formateur en philosophie auprès de publics frappés d’exclusion sociale et des enfants. Critique de la fabrique médiatique de l’opinion, il est l’auteur de Der- rière les mots (satirique) et Paroles de murs athéniens (textes et photos).
Il réalise ici son premier long-métrage. Nicolas EPRENDRE, réalisateur. Il fut assistant pour des films de Jacques Rivette, Otar Iosseliani, Françis Girod, Jean Marie Straub et Danièle Huillet, puis chef opérateur de nombreux films documentaires, aux côtés de Serge Le Perron, Michaël Prazan, Patrick Rotman... Tous se sont rassemblés autour des principaux partenaires culturels Dignois : le centre culturel René Char, l'IUT, le Ciné Toiles, la médiathèque, et la Ligue de l'enseignement, entouré bien sur d'un grand nombre d'associations. A ne point manquer dumercredi 28 janvier dès 18 heures à l'IUT et à 19h30 au Ciné Toiles pour le lancement de cette manifestation qui se déploiera jusqu'au 31 janvier.
Plus d'infos et programme complet
: www.facebook.com/memoiresderesistance
Par Françoise Denoyer
Faï Tirà Peyroulienne
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Sujet: Re: Guerre de 38/40 Lun 11 Mai 2015, 20:04
La ligne Maginot LE FORT DE SAINT OURS HAUT BIENTÔT OUVERT AU PUBLIC -
source: laprovence.com – à Saint-Ours, Provence-Alpes-Cote D'Azur, France.
Des nouvelles du Front
Faï Tirà Peyroulienne
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Sujet: Pierre Brossolette, l'homme qui rêvait d'une France nouvelle Mer 27 Mai 2015, 13:43
Pierre Brossolette, l'homme qui rêvait d'une France nouvelle
Par Invité de BibliObs
Son opposition à Jean Moulin lui vaut encore des rancœurs tenaces. Mais Pierre Brossolette, qui entre au Panthéon ce mercredi, fut un incontestable héros de la Résistance intérieure et extérieure.
Par Olivier Wieviorka.
Pierre Brossolette (1903-1944). (FAMILLE BROSSOLETTE / AFP)
Dès l’annonce de sa panthéonisation, plusieurs voix se sont alarmées de voir Pierre Brossolette reposer dans la même crypte que son rival, Jean Moulin. Cette polémique a eu le mérite de rappeler l’itinéraire d’un héros de la Résistance passionné et, à bien des égards, inclassable.
Adhérant à la SFIO dès 1929, Brossolette entretint en effet des relations compliquées avec son parti. Il s’opposa aux accords de Munich que la majorité des hiérarques socialistes – pacifisme oblige – approuvait. De fait, il se battit courageusement en 1940 avant de revenir à Paris et d’entrer dans la Résistance.
Un engagement, lui aussi, complexe. Non dans ses motivations. Brossolette honnissait le nazisme qu’il voulait combattre. Mais dans ses moyens. Fallait-il s’engager dans un réseau qui aiderait militairement les Alliés en leur transmettant des renseignements et en multipliant les sabotages? Ou dans un mouvement qui agirait sur les Français en les informant pour les mobiliser?
Brossolette s’abstint de choisir. Il débuta dans le «réseau du musée de l’Homme», une organisation vite disparue sous les coups de la répression. Puis il travailla pour deux mouvements – Libération-Nord et l’Organisation civile et militaire – tout en assurant la propagande d’un réseau, la Confrérie Notre-Dame, que dirigeait le «Colonel Rémy». Sa librairie, rue de la Pompe, devint bientôt un haut lieu de la Résistance.
En avril 1942, Rémy lui suggéra de partir pour l’Angleterre où le chef des services secrets, le colonel Passy, le recruta pour coiffer les liaisons entre les deux Résistances, extérieure et intérieure.
La librairie-papeterie du 89, rue de la Pompe. (Domaine public, via pierrebrossolette.com)
Pour la disparition des partis
En septembre 1942, Brossolette fit un premier coup d’éclat, en supervisant le ralliement à de Gaulle du nationaliste Charles Vallin, qui avait servi Vichy avant de constater que Pétain menait la France à la ruine. L’intérêt était de montrer que même les conservateurs se dissociaient du Maréchal. Si de Gaulle fit bon accueil au vichyste repenti, les socialistes de Londres se déchaînèrent.
Aux yeux de Brossolette, le système de l’avant-guerre avait vécu : les partis étaient discrédités, les anciens clivages périmés. Il fallait donc créer un parti gaulliste avant de structurer la vie politique autour d’un pôle conservateur et d’un pôle travailliste. Mais l’hypothèse de la disparition des partis révulsait leurs chefs et s’opposait aux vues de Moulin.
A la différence des communistes, les socialistes avaient refusé de créer une organisation de résistance. Craignant toutefois de paraître attentiste, la SFIO proposa de créer une forme de parlement clandestin où elle pourrait siéger. En 1942, de Gaulle chargea son délégué, Jean Moulin, de former ce Conseil national de la Résistance qui unirait donc mouvements de résistance, partis et syndicats ; il montrerait à des Alliés hostiles que la France se rangeait sous la croix de Lorraine. Mais le CNR présentait un travers : il ressuscitait les partis en leur accordant un brevet de résistance. Les mouvements protestèrent ; Brossolette les soutint.
Début 1943, Passy et Brossolette furent envoyés en France pour réorganiser la Résistance et former au nord un comité de coordination des mouvements, pendant du comité formé au sud par l’ordre de De Gaulle. Furieux, Moulin put toutefois réunir le CNR le 27 mai 1943. Sans que Brossolette ne désarme: la France nouvelle dont il rêvait méritait ce combat.
L'arrestation puis la mort
Le 21 juin 1943, Moulin fut arrêté à Caluire. Londres chargea Claude Bouchinet-Serreulles d’assurer l’intérim. Brossolette guignait la succession. En vain : de Gaulle ne nommerait pas un homme qui lui avait désobéi. Brossolette obtint cependant d’installer le nouveau délégué, Emile Bollaert, espérant que son inexpérience lui permettrait de devenir son mentor.
Mais, bientôt, un nouveau drame éclata. Les Allemands avaient réussi à saisir plusieurs documents au secrétariat de la Délégation gaulliste le 25 septembre. Brossolette exploita aussitôt l’affaire. Tonnant contre la légèreté de Serreulles, il exigea son rappel ; mais il dut aussi, avec Bollaert, revenir à Londres pour rendre des comptes.
Le 2 février 1944, les deux hommes s’embarquèrent sur un esquif. Contraints à regagner la rive par une tempête, ils furent interpellés lors d’un contrôle. Identifié en mars, Brossolette fut transféré dans les locaux de la Gestapo à Paris. Il se défenestra le 22 mars, craignant de parler sous la torture.
Olivier Wieviorka
♦ Professeur à l’ENS Cachan, l’historien Olivier Wieviorka est l’auteur de nombreux ouvrages sur la Seconde Guerre mondiale. Il a notamment signé une «Histoire de la Résistance» (Perrin, 2013). LireEdgar Morin : "Nous sommes condamnés à résister" ">
Article issu du dossier sur "L'Esprit de résistance" paru dans "L'Obs" du 21 mai 2015.
Faï Tirà Peyroulienne
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Sujet: Panthéon : comment Moulin montra ses fesses à Brossolette (et autres histoires de grands hommes) Mer 27 Mai 2015, 13:45
Panthéon : comment Moulin montra ses fesses à Brossolette (et autres histoires de grands hommes)
Par L' Obs
Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Jean Zay et Pierre Brossolette entrent mercredi au Panthéon. D'autres y sont entrés, sortis, juste passés ou n'y ont jamais été invités avant eux. Quelques histoires.
Transfert des cendres de Pierre et Marie Curie le 20 avril 1995. (JOBARD/HADJ/SIPA)
# Brossolette - Moulin, les panthéonisés ennemis
Comment montrer à son rival à quel point on le méprise lors d'une dispute ? Baisser son pantalon et lui montrer ses fesses a semblé la solution appropriée pour Jean Moulin, début avril 1943. Le destinataire de ces amabilités n'était autre que Pierre Brossolette, raconte le journaliste Olivier Le Naire dans "Entrez au Panthéon !" (éditions Omnibus). Alors qu'ils sont dans un appartement parisien, Jean Moulin reproche à Pierre Brossolette d'avoir interféré auprès de de Gaulle pour l'empêcher de coordonner la Résistance dans la zone nord. Les deux figures de la Résistance se détestaient. Mais à partir du 27 mai, Moulin et Brossolette vont reposer ensemble au Panthéon. Comme Voltaire et Rousseau, les ennemis des Lumières qui se font face dans l'entrée du monument depuis plus de deux siècles.
# 2 millions de personnes pleuraient Hugo
21 coups de canons tirés du mont Valérien (Hauts-de-Seine) : c'est le début de la cérémonie de panthéonisation de Victor Hugo. Ce 1er juin 1885 marque l'une de cérémonies d'entrée les plus grandioses. Journée de deuil national, mes drapeaux tricolores sont en berne. Et pour cause : entré au Panthéon 12 jours seulement après sa mort, l’auteur de "Ruy Blas" est le premier panthéonisé de la IIIe République. Le régime utilise l’événement pour consolider le caractère laïc de l’édifice, mais aussi pour montrer l'image d'une République unie, bien qu'encore fragile.
Enterrement de Victor Hugo le 1er juin 1885 (Anonyme / Fonds photographique Léon et Lévy / Wikipédia)
Dès le 30 mai, le corps de Victor Hugo, dans un sarcophage, est exposé sous l’Arc de triomphe. Durant la nuit, la foule des admirateurs se gonfle pour veiller le défunt. Ils sont 2 millions à accompagner le cortège funéraire le surlendemain sur les Champs-Elysées, de l'Arc de triomphe au Panthéon, en passant par la Concorde. L'écrivain a droit à une quinzaine de discours pour lui rendre hommage et à une multitude de fleurs. Avant lui, 70 ans s'étaient écoulés sans inhumation dans l'édifice. Comme Hugo en son temps, le préfet et résistant Jean Moulin est le premier sous la Ve République à entrer dans la demeure des "grands hommes", en 1959. La figure de la Résistance permet de montrer l'unité de la nouvelle République. Une entrée immortalisée par les images du discours prononcé de la voix tremblante d'André Malraux, alors ministre de la Culture. Depuis 1996, les deux hommes reposent dans le même caveau.
# Sitôt entré, sitôt sorti
Dix minutes seulement. Le Soldat inconnu a effectué le séjour le plus court sous le dôme du Panthéon. Le 11 novembre 1920, le symbole des plus de 1,4 million de soldats français tués lors de la Première Guerre mondiale, reçoit les honneurs au Panthéon. Mais ne peut y rester sur décision de la Chambre des députés, alors dominée par une coalition de droite. Il repose depuis sous l'Arc de triomphe. Pourtant près d'un tiers des panthéonisés sont des militaires. La plupart sont des généraux remerciés par Napoléon Ier.
L'empereur est celui qui a fait entrer le plus de monde au Panthéon avec 41 inhumations, loin devant François Mitterrand qui en compte sept. Depuis 1958, un seul homme a le droit de décider des entrées au Panthéon : le président de la République.
# Des dépouilles... et des plaques
Nicolas Sarkozy, lui, a voulu faire entrer le poète Aimé Césaire. Seulement le chantre de la négritude souhaitait que son corps reste en Martinique. Comment le rebelle est-il entré dans la demeure des "grands hommes" ? Le président de la République lui a concocté une cérémonie retransmise sur des écrans géants, mais a dû se contenter d'inscrire son nom sur une plaque.
Plaque dédiée au poète martiniquais Aimé Césaire (Eric Feferberg / POOL / AFP)
Comme Aimé Césaire, ils sont en réalité 4.729 à avoir reçu un hommage au Panthéon via une plaque :
- les 19 panthéonisés qui n'ont pas vu leurs restes transférés, comme le mathématicien et philosophe René Descartes (1596-1650) ; - les 504 victimes de la Révolution de 1830 ; - 560 écrivains de la Première Guerre mondiale ; - 197 écrivains de la Seconde Guerre mondiale ; - 2.725 Justes de France ; - et les 723 marins du Vengeur du Peuple (un navire de guerre français qui a sombré sous la Révolution) ; - sans oublier le Soldat inconnu.
# Une demeure pas si éternelle
Eux avaient reçu les honneurs du Panthéon, avant de les perdre quelques années plus tard, jugés plus assez dignes pour l'édifice. Ils sont quatre en 224 ans. La première et la plus cocasse des expulsions concerne le révolutionnaire et écrivain Mirabeau. Il est la première personne à être inhumée au Panthéon en 1791… mais aussi la première à en sortir, trois ans plus tard, sous la Convention. Un exploit dû à la correspondance qu'il entretenait avec Louis XVI. Car en pleine Révolution, l'écrivain souhaitait devenir ministre de la monarchie constitutionnelle. Marat le remplace en 1794 pour en être sorti lui aussi dès 1795, parce que les jacobins n'ont plus la côte. Après la Terreur, le Montagnard Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau est lui aussi expulsé du Panthéon, la même année que Marat. Auguste Marie Henri Picot de Dampierre, mort en 1793, reçoit les honneurs du Panthéon. Mais la Convention revient sur sa décision parce que le révolutionnaire est accusé de trahison. Pour éviter ces vas-et-vient, un délai de 10 ans entre la mort d'une personne et son entrée au Panthéon est décidée - délai qui ne sera pas respecté pour Hugo... Ni pour Germaine Tillion, morte le 19 avril 2008. Louis-Jospeh d'Albert de Luynes est la cinquième personnalité à sortir du Panthéon en 1862, mais pour que ses restes soient restituées à sa famille.
# "Aux grandes femmes, la patrie peu reconnaissante"
Dans les faits, le nombre de femmes au Panthéon va doubler le 27 mai. Mais à y regarder de plus près, elles ne seront que quatre au Panthéon... Régulièrement, les mouvements féministes demandent à ce que des femmes soient reconnues parmi les personnages illustres de l'histoire de France. En 2013, lors de la consultation publique lancée par le Centre des monuments nationaux, sur les 1.200 noms proposés par les 30.000 internautes, la majorité était des femmes. Parmi elles, on retrouvait la révolutionnaire et féministe Olympe de Gouges, l'écrivaine George Sand ou encore la philosophe Simone Weil. Ce sont finalement les résistantes Geneviève de Gaulle Anthonioz et Germaine Tillion qui rejoindront la chimiste et physicienne Marie Curie et Sophie Berthelot. Cette dernière n'y repose d'ailleurs que parce qu'elle était l'épouse du chimiste Marcellin Berthelot. Quatre seulement, face à 73 hommes. Loin de la parité et de la réalité des contributions des femmes à l'histoire.
Margaret Oheneba
Faï Tirà Peyroulienne
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Sujet: Le Panthéon accueille deux grandes femmes aux destins liés Mer 27 Mai 2015, 13:55
Le Panthéon accueille deux grandes femmes aux destins liés
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C'est un jour qui restera dans l'Histoire : quatre résistants aux nazis et au régime de Vichy entrent au Panthéon ce mercredi après-midi. Deux hommes, et deux femmes aux destins liés.
Quatre figures de la Résistance entrent au Panthéon ce mercredi après-midi. Ainsi, aux côtés du ministre Jean Zay, abattu par des miliciens français deux semaines après le débarquement en Normandie, et du dirigeant des Forces françaises libres Pierre Brossolette, qui se suicide dans les bureaux de la Gestapo, deux femmes, Germaine Tillion et Geneviève De Gaulle-Anthonioz. Deux grandes femmes au destin étroitement lié.
Du musée de l’Homme à Ravensrbrück
Les deux résistantes se rencontrent en 1944 à Ravensbrück. Caprice de l’Histoire, leur vie aurait déjà pu se croiser plus tôt, au coeur du réseau du musée de l'Homme, dont la grande ethnologue Germaine Tillion en est l'un des piliers. De treize ans sa cadette, la jeune Geneviève de Gaulle, nièce du général, s'engage à son tour et transporte armes et documents.
Toutes deux sont dénoncées et déportées en camp de concentration. Plus tard, les proches de Germaine Tillion évoqueront sa force de caractère, notamment quand elle rassurait comme elle pouvait ses codétenues malgré la mort de sa mère dans le camp. A la libération du camp, Germaine Tillion classe et enregistre tous les témoignages de ses co-détenues. Son travail d'ethnologue à Ravensbruck permettra de retracer la vie et la mort des 8.000 déportées françaises et de lutter contre les thèses négationnistes.
Il y a une grande complicité, une détermination, une force incroyable. Ces deux femmes ont une intelligence du cœur, une écoute. Ce sont des femmes qui aiment les autres.
De cette expérience de la mort naîtra une amitié sans faille entre les deux femmes. Elles et leur amie déportée Anise Postel-Vinay ne se quitteront plus. Germaine Tillion ne sera jamais mère, mais elle est très proche des quatre enfants De Gaulle-Anthonioz. Notamment de Philippe, qui voit ainsi entrer au Panthéon sa mère mais aussi sa marraine Germaine. "Il y a une grande complicité, une détermination, une force incroyable. Ces deux femmes ont une intelligence du cœur, une écoute. Ce sont des femmes qui aiment les autres.", explique-t-il.
Philippe Anthonioz : "Ce sont des femmes qui aiment les autres"
La soeur de Philippe, Isabelle, a retranscrit dans un livre qui vient de sortir les dialogues entre ses deux femmes. Après Guerre, Germaine Tillion continue son travail d'ethnologue en Algérie, tandis que Geneviève de Gaulle-Anthonioz préside l'association d'aide aux plus démunis ATD Quart Monde. Il y a, on le voit, une continuité à s'occuper des pauvres. "Quand on a été touché par le mal absolu, la seule réponse possible a été la fraternité. Et rien d’autre. ", racontait ainsi Geneviève de Gaulle-Anthonioz dans cette archive INA/ France Culture de 1995 :
Inlassablement, les deux femmes ont raconté leur histoire consciente de leur devoir de transmission... Pour la nièce de Germaine Tillion, la chercheuse Emilie Sabeau-Jouannet, son message est toujours d'actualité :
Geneviève de Gaulle-Anthonioz s'éteint en 2002, Germaine Tillion en 2008 à l'âge de cent ans... Au Panthéon sera déposé un peu de terre de leurs tombes car les deux familles ont choisi de les laisser reposer au côté de leurs proches.
►►► ALLER PLUS LOIN | 4 femmes parmi les grands hommes
Et aussi :
►►►RÉÉCOUTEZ l'intégralité de l'émission A’live : "Paroles d'historiens autour de la "Panthéonisation"
►►► REVOIR Le 7/9 de France Inter avec la fille de Jean Zay, Hélène Mouchard-Zay et l'historien Antoine Prost : "Beaucoup de gens pourraient prétendre à l'entrée au Panthéon"
►►►RÉÉCOUTEZ l'émission Affaires sensibles : "Germaine Tillion, l'ethnologue au service des femmes"
►►►RÉÉCOUTEZ l'émission La marche de l'Histoire :"Germaine Tillion au Panthéon"
►►►RÉÉCOUTEZ l'émission Affaires sensibles : "Geneviève De Gaulle-Anthonioz, la résistante"
►►►RÉÉCOUTEZ l'émission La marche de l'histoire :"ATD Quart Monde, co-fondé par Geneviève de Gaulle-Anthonioz"
►►►RÉÉCOUTEZ l'émission Rendez-vous avec X : "20 juin 1944 : Jean Zay assassiné par la Milice (1ère diffusion : 22 mai 2004)"
►►►RÉÉCOUTEZ l'émission Downtown : "L'historien Olivier Loubes présente son ouvrage sur l'homme politique Jean Zay"
►►►RÉÉCOUTEZ l'émission La marche de l'Histoire : "Le Panthéon"
►►►"Reconnaissance de la patrie" pour quatre figures de la Résistance
►►►Le Panthéon s'ouvre (un peu plus) aux femmes et aux résistants
►►►Hollande fait entrer au Panthéon "l'esprit de Résistance"
Faï Tirà Peyroulienne
Nombre de messages : 16511 Date d'inscription : 07/10/2008
Sujet: Re: Guerre de 38/40 Mer 27 Mai 2015, 14:33
http://www.lepoint.fr/
Germaine Tillion, l'ethnologue de Ravensbrück, racontée par une co-déportée
VIDÉO. Pour Marie-José Chombart de Lauwe, l'entrée au Panthéon de ses camarades ne doit pas «sceller un socle définitif sur ce que nous avons traversé».
Propos recueillis par JÉRÔME CORDELIER ET RAND A. KHALEK
« Ce monde d’horreur était un monde d’incohérence : plus terrifiant que les visions de Dante, plus absurde que le jeu de l’oie. » En une phrase, Germaine Tillion avait résumé le camp de Ravensbrück.
C’est Marie-José Chombart de Lauwe, déportée NN (Nacht und Nebel) en même temps qu’elle et que Geneviève de Gaulle, qui la cite ainsi dans ses Mémoires récents - Résister toujours, Flammarion, avril 2015. "L'entrée au Panthéon en ce printemps 2015 de deux de mes camarades de Ravensbrück, de deux amies, Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle, est une excellente chose, souligne cette grande résistante, dès le début de son récit. Elles représenteront désormais dans cette crypte toutes nos compagnes de la Résistance, dont le rôle a été si souvent minoré. Elles seront, comme Jean Moulin, accompagnées d'un cortège d'ombres, celles qui ne sont pas revenues. »
Cependant, Marie-Jo, la survivante, perçoit bien les effets pervers d'un tel moment historique. « Il ne faut pas que cette cérémonie, avertit-elle, soit une manière de fermer la page, de sceller un socle définitif sur ce que nous avons traversé. Il faut au contraire que ce soit l'occasion de raviver à jamais le souvenir de ce qu'elles ont fait, de leurs luttes qui furent également les miennes et celles de milliers d'autres. » Marie-José Chombart de Lauwe, qui a tout noté dans un cahier quelques mois après son retour de Ravensbrück, conserve un souvenir intact de Germaine Tillion. Voici son témoignage, tel qu'elle le relate dans son livre.
« Je l’avais aperçue à Fresnes. Lors d’une sortie pour la promenade, qui se déroulait dans de petites cours individuelles, j’avais remarqué à distance derrière moi une petite femme vêtue de manière originale. Elle portait une culotte de cheval et un turban, sa tenue d’ethnologue en mission sur le terrain. Je l’appris quand elle arriva à Ravensbrück, dans un convoi de NN qui avait suivi le mien. Après la guerre, j’ai partagé les mêmes combats : contre le goulag, la torture en Algérie, ayant le privilège de son amitié. Dans le camp, nous avions un point commun : la présence de nos mères, Suzanne, la mienne, NN arrêtée dans la même affaire que moi, et Émilie, la maman de Germaine, arrêtée à une autre date, non NN et donc internée dans une autre baraque. Les personnes âgées, même encore valides, étaient en grand danger d’élimination. »
Marie Chombart de Lauwe évoque les Résistantes du camp de Ravensbrück...
« Violence, peur, froid, faim »
« Début mars, le commandant a décidé de se débarrasser des NN, conduites à Mauthausen. Quelques NN se sont cachées, ce convoi étant perçu comme noir. Je suis donc partie avec ma mère. Émilie Tillion, non NN, ne devait pas partir. Germaine, qui était NN, avait décidé de rester. Elle était entrée à l’infirmerie pour un abcès à la gorge, avait confié sa maman à Anise (Girard, devenue Postel-Vinay). Le lendemain du départ du convoi NN, lors d’une sélection, Émilie a été arrachée des bras d’Anise et celle-ci a dû apprendre à Germaine, désespérée, que sa mère avait été embarquée. À Mauthausen, quelques jours plus tard, ma mère a, elle, échappé à une nouvelle sélection. J’ai ainsi gardé ma mère quand Germaine a perdu la sienne. [...]
Nous, déportées, étions confrontées à la violence, à la peur, au froid, à la faim et à une question, lancinante, un hurlement dans nos têtes : pourquoi, pourquoi, pourquoi ? Alors, l’enfer de Ravensbrück, le monde irrationnel ou obéissant à d’autres règles, d’autres normes, dans lequel nous étions brusquement projetées, constituait bien une société spécifique. De par notre formation universitaire, de par nos outils de connaissance, certaines d’entre nous sont donc parvenues à réfléchir sur la déportation, parfois dès l’intérieur du camp. Nous avons réussi à en faire un objet d’étude. Nous étions devenues participantes et chercheuses. C’était aussi là une manière de se décentrer, comme je l’ai déjà écrit. »
« Dignité d’être pensant »
« Ce travail intellectuel aidait à tenir en sortant d’une pure condition de déportées confrontées au désespoir. Nous conservions notre dignité d’être pensant, qualité qui nous était déniée par les nazis qui nous avaient ravalées au rang de choses. Germaine Tillion fut pionnière en ce domaine. Elle a été témoin du pire. Elle a vécu dans le block des NN. Elle a côtoyé les victimes des expérimentations médicales. Sa mère a été exterminée dans une chambre à gaz. À Ravensbrück, avec un courage hors du commun, elle a pourtant essayé d’analyser avec sa formation d’ethnologue le fonctionnement du camp. Elle a établi une liste des noms des principaux responsables SS, avec leurs rôles, leurs comportements. Sous son regard, cette chiourme devenait une tribu régie par des codes qu’elle tentait de cerner. Il en fut de même de notre pauvre troupeau. Elle y disséquait les relations hiérarchiques. LaBlockowa ou Blockälteste dirigeait un block, secondée par la Stubenälteste ou Stubowa (chef de chambrée). Elles avaient des brassards verts. C’étaient souvent des droits communs, reconnaissables à leur triangle vert sur la poitrine quand les politiques portaient un triangle rouge. Les porteuses d’un brassard rouge étaient, elles, chargées du service d’ordre. Elles se subdivisaient en Lagerpolizei(policières du camp) et Anweiserinnen (chefs de colonne de travail).
Germaine parvenait à analyser en ethnologue ainsi les relations humaines, les rapports de force, les solidarités qu’elle vivait au quotidien. Je me souviens que, durant sa détention, elle avait improvisé une causerie devant ses camarades. Elle y démontait avec le même précieux détachement le mécanisme du système concentrationnaire. Elle permettait ainsi à ses camarades moins armées de se dédoubler, de sortir à leur tour d’elles-mêmes. Elles devenaient elles aussi, grâce à la conférencière, observatrices de leur état. »
« Textes pleins d’humour »
« Comme une autre manière de se décentrer, Germaine rédigeait également sur des bouts de papier des textes pleins d’humour qui tournaient les souffrances des prisonnières en dérision. Elle racontait les mille et une astuces pour échapper aux corvées, décrivait les petites manies des unes et des autres, caricaturait les gardiennes SS et les kapos, donnant des airs courtelinesques au camp. Elle avait mis tout cela en musique, y plaquant des airs d’opérette qui ajoutaient à l’autodérision. LeVerfügbar aux enfers ne servait pas uniquement à remonter le moral de ses camarades par le rire. Cette pièce burlesque les aidait également à s’échapper, en devenant actrices, c’est-à-dire volontaires de ce qu’elles vivaient en fait sous la contrainte.
À la Libération, ayant intégré le CNRS, Germaine a poursuivi ce travail ethnologique sur la déportation et publié trois livres successifs sur Ravensbrück. Dès 1954, elle a fait paraître un premier article scientifique, intitulé Réflexions sur l’étude de la déportation. Elle présentait ses recherches sur un convoi dont on avait retrouvé la liste, avec des matricules en 27 000. Elle y confrontait les témoignages de ces déportées aux documents des Allemands. Elle trouvait autant d’erreurs de part et d’autre. Elle démontrait cependant qu’il était possible d’atteindre la vérité par les moyens de témoins sélectionnés. S’appuyant sur la base d’informations sur laquelle est fondée la méthode ethnologique, elle estimait que les résultats auxquels [ces informations] nous permettent d’atteindre sont plus solides que ceux de l’histoire. Témoin chercheur exceptionnel, elle conclut : Le récit le plus passionné, le plus fourmillant d’erreurs, est sans doute plus près de la vérité – moins dangereux en tout cas – que les publications d’archives. Bien sûr, on peut trouver une part d’injustice à ce constat : les historiens utilisent les archives de façon critique, avec la rigueur scientifique indispensable. Mais la réflexion de Germaine Tillion mettait en relief l’importance de saisir la profondeur de l’humain. »
Résister, toujours, de Marie-José Chombart de Lauwe (Flammarion, 302 p., 20 euros).
Faï Tirà Peyroulienne
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Sujet: Germaine Tillion et Geneviève Anthonioz-de Gaulle au Panthéon : enfin ! Une page se tourne Mer 27 Mai 2015, 17:44
Germaine Tillion et Geneviève Anthonioz-de Gaulle au Panthéon : enfin ! Une page se tourne
http://leplus.nouvelobs.com/
Par Fadila Méhal Conseillère de Paris
LE PLUS. Ce 27 mai, ce sont quatre personnalités qui feront leur entrée au Panthéon. Parmi elles, Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Germaine Tillion, deux résistantes, rescapées des camps, qui se sont engagées contre la torture et la misère. Pour Fadila Mehal, conseillère de Paris Modem, présidente de la Commission culture-patrimoine-mémoire de Paris, c'est un événement.
Édité par Henri Rouillier
Emilie Sabeau Jouannet, nièce de Germaine Tillion, avec le portrait de sa tante, le 7 mai 2015 (J. MARS/SIPA).
À deux résistantes, la patrie reconnaissante.
70 ans après la promulgation du droit de vote des femmes en France en 1945, deux femmes illustres, deux résistantes, entreront pour la première fois au Panthéon, ce temple de la mémoire, ce mercredi 27 mai 2015.
On ne peut que saluer cette décision méritoire du président Hollande, qui marque enfin d’une manière solennelle une rupture symbolique avec le déséquilibre qui prévalait au Panthéon, puisque seules deux femmes, Sophie Berthelot et Marie Curie, deux fois prix Nobel, pionnière de la physique nucléaire, avaient eu le privilège de voir leurs cendres y reposer alors qu’ils étaient 71 hommes à être honorés.
2 femmes pour 71 hommes, une anomalie républicaine
Cet oubli reposait, non pas sur la rareté des femmes méritantes pouvant prétendre à cette reconnaissance, car elles sont légions : Olympe de Gouges, Louise Michel, Simone de Beauvoir, Lucie Aubrac... Non, ce qui scellait cette inégalité de traitement, c’est que l’imaginaire de la mémoire pour beaucoup continuait à se conjuguer au masculin.
Cette injustice avait ému beaucoup d’associations féministes, qui ont constitué un collectif pour rectifier cette anomalie républicaine.
Et ce n’est que justice, car le Panthéon tient une place sans égal dans l’inconscient collectif des Français pour honorer des personnalités qui ont, par leur vie au service de la science, des arts, de la philosophie, de la politique ou encore par leur engagement politique ou civique, écrit l’histoire de notre pays et fait progresser l’humanité et ses valeurs universelles en luttant contre la barbarie et l’obscurantisme.
Deux résistantes bouleversantes
Aujourd’hui est un jour de fête pour beaucoup de femmes et de citoyens attachés à l’égalité, puisque deux femmes (et non des moindres) Germaine Tillion et Geneviève Anthonioz-De Gaulle, perpétueront la mémoire des milliers de femmes, ignorées, rayées de notre récit national mais qui ont été pourtant par leurs mérites personnels et leur exemplarité, des sources d’inspiration pour des milliers de Français.
Germaine Tillion, ethnologue et scientifique de renom, n’a pas été choisie par hasard. Son parcours illustre son double attachement, d’une part à la France résistante pendant l’oppression nazie lors la Seconde Guerre mondiale et vingt ans plus tard un engagement tout aussi militant contre la torture pendant les heures sombres de la guerre d’Algérie
Ces deux combats étaient les mêmes, tournés vers la dignité de l’homme et la liberté. La défense sans concession de la personne humaine et de son intégrité physique aussi avec l’exemple algérien. Deux combats consubstantiels de l’esprit de résistance et de responsabilité qui font honneur et le génie à la France que nous aimons.
Geneviève Anthonioz-de Gaulle, nièce du général de Gaulle, portait elle aussi ce même engagement, tout aussi puissant, celui de combattre un autre fléau, tout aussi nuisible que la guerre ou la torture : l’exclusion. Ce poison social qui mine depuis 30 ans notre pacte républicain. La lutte contre la pauvreté et l’exclusion fut érigée par elle, en cause nationale, elle en fut une ambassadrice inlassable et pédagogue.
Elle mit toute son énergie et ses forces à animer pendant 40 ans ATD-Quart Monde quand son chemin croisa celui du père Joseph Wresinski, aumônier des bidonvilles. Son acharnement à sortir les exclus "des camps" donnera naissance à la loi pour la cohésion sociale portée par le président Chirac, loi que j’ai eu la chance d’accompagner en tant que conseillère ministérielle.
J’ai pu mesurer alors combien le combat de cette personne frêle, mais au tempérament d’acier, avait changé la vie de milliers de Français laissés sur le bord de la route.
Le Panthéon n’est-il pas fait pour rêver ?
Germaine Tillion , Géneviève Anthonioz-de Gaulle, parcours croisé de deux femmes exemplaires, cheminements communs de deux survivantes, revenues toutes les deux des camps de concentration et qui, une fois sorties, continuèrent a résister pour "refuser l’inacceptable".
Honorons leur mémoire et perpétuons leur écho.
Une page pour les femmes se tourne ce 27 mai, mais il en reste d’autres à écrire, notamment celles qui verront des héros et des héroïnes de la diversité rejoindre au panthéon ces personnalités illustres qui ont fait la France.
Il est temps de relever un autre défi et de faire que des personnalités, telles que le Général Dumas, Joséphine Baker ou tant d’autres, pourront rejoindre le panthéon du XXIe siècle, non pas en en rivalité mais en résonance d’une France plurielle et rassemblée.
Le Panthéon n’est-il pas fait pour rêver ?
Faï Tirà Peyroulienne
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Sujet: Expulsions, corps radioactifs, expérience scientifique… Cinq anecdotes méconnues sur le Panthéon Mer 27 Mai 2015, 17:46
CÉRÉMONIE Quelques infos insolites sur le monument et les corps qui y reposent... Expulsions, corps radioactifs, expérience scientifique… Cinq anecdotes méconnues sur le Panthéon
http://www.20minutes.fr/
Le Panthéon à Paris le 16 février 2010 - Loic Venance AFP
Hommage national pour quatre résistants. Les cercueils de Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette, Germaine Tillion et Jean Zay font leur entrée au Panthéon ce mercredi.
Ils rejoindront d’autres « Grands hommes », dont deux femmes, entrés entre 1791 et 2002. 20 Minutes a sélectionné cinq infos que vous ignorez sans doute sur le monument.
Expulsés du Panthéon
Entrer au Panthéon est un hommage de la Nation. Mais l’illustre repos n’est pas forcément éternel. Honoré Gabriel Riqueti, plus connu sous le nom de Mirabeau, en sait quelque chose. Le corps du révolutionnaire est accueilli en grande pompe en avril 1791. Premier entré, il sera le premier sorti. Trois ans plus tard, sa dépouille est exclue du monument, après la découverte de sa correspondance avec le roi.
Le corps de Marat entre à sa place. « Que le vice, que l’imposture fuient du Panthéon. Le peuple y appelle celui qui ne se trompa jamais », vibre le peintre David dans son discours.
Accusé de trahison, le montagnard sera quelques mois plus tard lui aussi « dé-panthéonisé ».
Le marquis de Dampierre et Louis-Michel Lepeltier subiront un rôle semblable.
Corps radioactif
Le 20 avril 1995, le corps de Marie Curie est transporté au Panthéon. Face aux risques de radiation, quelques précautions sont prises pour le caveau de la double lauréate du Prix Nobel (Physique et Chimie). Son « corps est pratiquement intact, voire presque momifié en raison des rayonnements qu’elle a reçus durant ses expériences. Le cercueil est d’ailleurs enveloppé de plusieurs couches de plomb », explique Pascal Monnet, administrateur du Panthéon à FranceTv Info.
Le Panthéon privé de Soldat inconnu
Le monument aurait pu accueillir le Soldat inconnu. Dès 1916, l’idée est lancée par François Simon, président du Souvenir Français de Rennes. « Pourquoi la France n’ouvrirait-elle pas les portes du Panthéon à l’un de nos combattants ignorés, mort bravement pour la patrie, avec, pour inscription sur la pierre, deux mots : "un soldat" ; deux dates :"1914-1917" ». Les députés s’accordent le 12 septembre 1919 pour y déposer « un déshérité de la mort ». Mais les associations d’anciens combattants souhaitent que le Soldat inconnu soit inhumé dans un lieu plus « militaire ». L’Arc de Triomphe sera finalement sélectionné.
Le pendule de Foucault
Le Panthéon a permis de montrer que la Terre tourne sur elle-même. En 1851, le physicien Léon Foucault imagine et réalise son fameux pendule. Grâce aux oscillations, l’inventeur espère révéler les effets de rotation de la Terre. Louis Bonaparte s’y intéresse : un pendule de 11 mètres est construit. L’expérience doit être visible de tous les Parisiens ; le Panthéon est choisi. « Sous les voûtes élevées de certains édifices le phénomène devait prendre une ampleur magnifique. Nous avons trouvé dans le Panthéon un emplacement merveilleusement approprié à l’installation d’un pendule gigantesque », écrit Foucault. Le dispositif est expérimenté le 31 mars 1851.
Retrouvailles entre ennemis
Pierre Brossolette entre ce mercredi au Panthéon. Son corps rejoindra un ancien rival de la Résistance, lui aussi « panthéonisé », Jean Moulin. Les deux figures de la Résistance se détestaient, au point que Jean Moulin lui montra ses fesses lors d’une dispute en avril 1943, rapporte Le Monde. Les deux hommes reposeront pourtant bientôt ensemble pour l’éternité. Le Panthéon accueille déjà deux autres célèbres « ennemis » : Voltaire et Rousseau, dont les caveaux se font face à l’entrée du bâtiment.
Faï Tirà Peyroulienne
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Sujet: Re: Guerre de 38/40 Jeu 28 Mai 2015, 06:49
Faï Tirà Peyroulienne
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Sujet: Pourquoi siffle-t-on "la Complainte du partisan" à la cérémonie du Panthéon ? Jeu 28 Mai 2015, 20:25
Pourquoi siffle-t-on "la Complainte du partisan" à la cérémonie du Panthéon ?
Par L' Obs
La chanson de la compositrice Anna Marly, "troubadour de la Résistance", sera sifflée pendant la cérémonie d'introduction au Panthéon.
Anna Marly est la compositrice de deux chansons symboliques de la Résistance : "La Complainte du partisan" et "Le Chant des partisans". (capture d'écran)
Son cercueil n’entrera pas au Panthéon aux côtés de Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Jean Zay et Pierre Brossolette, mais la "troubadour de la Résistance", Anna Marly, sera représentée par deux de ses airs les plus connus. Souvent confondus, "La Complainte du partisan" et "Le Chant des partisans" seront en effet interprétés pendant la cérémonie d’introduction.
La première doit être sifflée par le Chœur de l’Armée française à 17h20, au moment où les cercueils seront déposés sur le parvis du Panthéon. "Le Chant des partisans" sera quant à lui interprété une heure après, au moment de l’entrée officielle des résistants au Panthéon. "L’Obs" revient sur les origines de "La Complainte", une chanson phare de la Résistance, restée dans l’ombre de son quasi-homonyme.
"C’était quelque chose de nostalgique, qui m’est venu en pensant à la France"
Anna Marly reconnaissait elle-même la filiation évidente entre ces deux titres : "La Complainte du partisan, je l’appelle la cousine du Chant des partisans parce qu’elles allaient de pair ". Les deux titres ont été composés à Londres pendant la Seconde Guerre mondiale.
Au cours de l‘hiver 1943, Anna Marly fredonne ce qui deviendra la complainte. "C’était quelque chose de nostalgique, qui m’est venu en pensant à la France. Je ne pensais pas à lui donner des paroles précisément. Lorsque j’ai rencontré Emmanuel d’Astier de La Vigerie, il a été très impressionné par cette complainte sans parole."
La compositrice précise : "Elle était lancinante, chacun y mettait une phrase, chacun y mettait du sien. Mais elle est née sous la plume d’Emmanuel d’Astier de la Vigerie. C’est lui qui a créé les paroles." Elle se souvient que la chanson "plaisait beaucoup car elle emportait les gens, elle les fascinait", probablement grâce à son sifflement régulier.
Emmanuel d’Astier de la Vigerie, qui deviendra directeur du journal "Libération" en août 1944, connaissait déjà Anna Marly : il lui avait présenté Joseph Kessel et Maurice Druon, en 1943. Ce soir-là, après l’interprétation qu’elle donne du "Chant des partisans", Kessel s’exclame : "Voilà ce qu’il faut pour la France !" Il se met en tête de traduire la chanson en français. Il y parvient peu après, avec l’aide de Maurice Druon : Anna Marly interprète leur version ("Ami, entends-tu…"), qui est aujourd’hui bien plus connue que son quasi-homonyme, "La Complainte du partisan".
La Complainte, elle, passe pour la première fois à la BBC à destination de la France occupée. Plus que le "Chant des partisans", elle insiste sur le quotidien du résistant, qui a "changé cent fois de nom", "perdu femme et enfants", s'est caché dans le grenier d'un vieil homme... Un des disques sera détruit par la défense anti-aérienne (DCA) allemande lors d'un parachutage de militants.
En voici les paroles :
"Les Allemands étaient chez moi On m'a dit "Résigne-toi" Mais je n'ai pas pu Et j'ai repris mon arme
Personne ne m'a demandé D'où je viens et où je vais Vous qui le savez Effacez mon passage
J'ai changé cent fois de nom J'ai perdu femme et enfants Mais j'ai tant d'amis Et j'ai la France entière
Un vieil homme dans un grenier Pour la nuit nous a cachés Les Allemands l'ont pris Il est mort sans surprise
Hier encore, nous étions trois Il ne reste plus que moi Et je tourne en rond Dans la prison des frontières
Le vent souffle sur les tombes La liberté reviendra On nous oubliera Nous rentrerons dans l'ombre"
Une chanson popularisée par la reprise de Leonard Cohen
"La Complainte du partisan" rencontre un succès populaire dans les années 1950.
Puis elle cède la place au "Chant des partisans" entendu lors du transfert des cendres des de Jean Moulin au Panthéon en 1964. Avant de connaître une seconde vie grâce à l’adaptation de Leonard Cohen en 1969, dans l’album "Songs from a room". Intitulée "The Partisan", cette version mêle l'adaptation anglophone de Hy Zaret - premier à déposer un copyright sur la chanson d’Anna Marly et d’Astier - et les paroles originales, chantées en français.
La version de Léonard Cohen est une traduction fidèle, à l’exception notable de la dernière strophe, résolument plus positive : "La liberté viendra bientôt, puis nous sortirons de l’ombre".
La version de Leonard Cohen a elle-même été reprise par Joan Baez en 1972.
Faï Tirà Peyroulienne
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Sujet: Oradour-sur-Glane : ce village français tristement célèbre pour avoir été le théâtre de la barbarie nazie Mar 02 Fév 2016, 16:59
http://soocurious.com/fr/
Oradour-sur-Glane : ce village français tristement célèbre pour avoir été le théâtre de la barbarie nazie
Le massacre d'Oradour-sur-Glane a fait 642 victimes via Shutterstock
Plusieurs décennies après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le conflit le plus meurtrier du monde est encore dans toutes les mémoires. Mais en France, un village symbolise tout particulièrement la nécessité de ne pas oublier la barbarie dont l’Homme est capable : Oradour-sur-Glane. SooCurious vous présente l’histoire de cette cité devenue tristement historique.
Situé dans le département de la Haute-Vienne, en régionAquitaine, Oradour-sur-Glane n’est qu’à 25 kilomètres au nord-ouest de Limoges. Un banal village comme il en existe des milliers en France, du moins jusqu’en 1944. Car avant la Seconde Guerre mondiale et le sombre évènement qui frappa sa population, l’endroit avait tout d’une petite bourgade tranquille, avec ses commerces, ses écoles et ses Radounauds, nom donné aux habitants du lieu.
Lorsqu’éclate le plus dramatique conflit armé du XXe siècle, les Radounauds sont comme la plupart des Français, attirés par un désir de paix incarné par le Régime de Vichy et la collaboration franco-allemande. Mais rapidement, les exactions de l’occupant nazi révoltent le fier peuple tricolore, qui s’organise et forme laRésistance.
A Oradour-sur-Glane, comme partout en France, les regards se portent désormais vers la libération prochaine. Ce vent changeant, l’occupant le perçoit dès 1943. Cette année-là, les Alliés commencent déjà à prendre le dessus sur l’ennemi et contrôlent notamment l’Afrique du Nord, mais progressent également sur le front Est, comme en Russie. Alors en juin 1944, à l’heure du débarquement en Normandie, nombreux sont les nazis à anticiper une défaite de la Wehrmacht. Commence dès lors un déchainement de brutalité allemande, essentiellement dirigé contre les résistants, mais pas que.
Oradour-sur-Glane via Shutterstock
En avril 1944, la 2e division blindée SS Das Reich est envoyée du front Est au front Ouest. Une manière, pour l’état-major nazi, de reposer ces soldats qui combattent depuis des mois dans le froid et la violence extrême du front russe. Désormais basés en France, ils luttent activement contre les résistants français, qu’ils nomment « terroristes ». Et pour accomplir leur tâche, les combattants allemands n’hésitent pas à se livrer à de sanglantes représailles contre la population civile.
Pour insuffler la peur aux occupés et réduire à néant tout espoir de résistance durant leur déplacement vers la Normandie, toute récemment attaquée, les soldats allemands prennent la décision de détruire Oradour-sur-Glane et d’exterminer ses habitants. Se met alors en place une organisation impitoyable qui consiste à séparer les hommes des femmes et des enfants. Puis froidement, les nazis exécutent 642 personnes innocentes.
Le massacre d’Oradour-sur-Glane reste à ce jour le plus grand massacre de civils perpétré en France par les troupes allemandes. Mais ce funeste évènement eut, et a encore, une portée bien plus importante. Au cours des décennies qui suivirent, nombre de procès furent ouverts, cherchant à déterminer la responsabilité des uns et des autres, mais cherchant surtout à punir les responsables. En France, plus particulièrement, la société civile d’après-guerre fit face à un dilemme moral. En cause, le rôle des « Malgré nous », ces Français d’Alsace et de Moselle incorporés de force dans l’armée allemande et impliqués dans la tuerie d’Oradour. Se posa la question de leur responsabilité, puis de leur punition. Enfin, vint le temps du devoir de mémoire, long et douloureux.
Le Centre de la mémoire d’Oradour-sur-Glane :
En 1999, le président d’alors, Jacques Chirac, inaugura le Centre de la mémoire d’Oradour-sur-Glane. Un édifice qui remémore l’horreur des crimes commis par les nazis et rappelle tristement l’importance de la paix. Non loin du bâtiment, à quelques centaines de mètres, se dresse le nouvel Oradour, symbole que la France est tombée mais s’est relevée plus forte. Les ruines du passé, elles, sont toujours là et furent classées monument historique en 1945. Elles restent l’emblème d’un village martyr qui vivait autrefois à Oradour.
Oradour-sur-Glane via Shutterstock
L’histoire d’Oradour-sur-Glane, aussi poignante et funeste soit-elle, doit être rappelée. Car comme les ruines de l’ancien village, cette horrible expérience rappelle les atrocités dont l’Homme se rend parfois coupable, mais aussi, plus important encore, la nécessite de la paix. Si la Seconde Guerre mondiale vous intéresse, découvrez également ces photos inédites du conflit restaurées par un passionné.
Faï Tirà Peyroulienne
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Sujet: L’ASSASSINAT COLLECTIF DE ST JULIEN DU VERDON Ven 21 Oct 2016, 01:27
Capitaine François
L’ASSASSINAT COLLECTIF DE ST JULIEN DU VERDON
https://infovallees.wordpress.com/
Notre récit de la fin des deux prisonniers allemands à Saint-André jeta la consternation à l’Etat-Major de Sapin où le commandant de la zone Sud pour l’ORA, le colonel Zeller, effectuait une visite d’inspection. Nous étions le 10 juin, le débarquement de Normandie était en train de réussir et les Allemands bien décidés à nettoyer leurs arrières : notre rôle à nous, était de gêner au maximum les mouvements de leurs troupes ;
Nous y réussîmes en interrompant la route Nice-Digne par la destruction du Pont-de-Gueydan; l’embuscade avait tué onze Allemands; leur riposte ne se fit pas attendre: neuf otages furent tirés de la prison de Nice dans la nuit du 10 au 11 juin; on leur demanda d’emporter leurs affaires et leurs papiers en leur racontant qu’ils allaient être libérés; ils furent embarqués dans une camionnette et un petit convoi prit la route de Castellane.
Arrivé à Saint-Julien du Verdon, le convoi s’arrêta, on les fit débarquer dans un petit champ au bord de la route et on les abattit, tous les neuf à la mitraillette alors qu’ils s’enfuyaient en courant, croyaient-ils, vers la liberté… In Memoriam !
LES FUSILLES DE ST JULIEN DU VERDON (11 juin 1944)
-Adam Jacques, 23 ans, étudiant, Nice – AUBE Césaire, 17 ans, lycéen, Nice – BARDO Georges, 48 ans, agent d’assurances, Nice – CAMPAN Gilbert, 17 ans, lycéen, Nice – CASIMIRI Nonce, 45 ans, agent P.T.T., Puget-Théniers – DEMONCEAU Roger, 18 ans, lycéen, Nice – GALLO Francis, 18 ans, lycéen, Nice – MAGNAN Aimé, 30 ans) cultivateurs MAGNAN Roger, 21 ans) Puget-Théniers
Le détail de cette horrible exécution m’a été raconté par le curé Isnard dont l’église était proche, et qui se rendit sur les lieux, alerté par les rafales de mitraillettes ; deux des victimes avaient survécu quelques heures et il avait pu les faire porter dans son église ; c’était Adam, un F.T.P. des Basses-Alpes étudiant à Nice, et l’un des frères Magnan, Aimé, l’autre Roger avait été tué sur le coup.
Ils déclarèrent au curé que ceux qui les avaient exécutés n’étaient pas des Allemands, mais des miliciens déguisés qui parlaient français entre eux. Je venais d’arriver à Colmars quand, par le téléphone arabe, on nous informa de ce drame, et je vins aussitôt à Saint-Julien pour tenter d’identifier les victimes ; il fallut d’abord les exhumer et les laver car on avait hâtivement recouvert les corps de terre : nous pleurions de rage et de douleur en le faisant ; il y avait là trois de mes hommes : Nonce Casimiri qui avait été arrêté le 29 avril à Puget-Théniers, et les deux frères Magnan Aimé et Roger, également de Puget-Théniers. Il y avait Adam que j’avais connu lorsqu’il était venu prendre livraison à Puget-Rostang, du matériel qui avait été parachuté pour son maquis sur Dina, une belle nuit d’avril.
Leur groupe était dirigé par un lieutenant à la retraite nommé Antomarchi. Il y avait aussi cinq élèves du Lycée Masséna de Nice qui avaient décidé un jour de rejoindre la Résistance du côté de Levens mais qui, n’ayant aucune adresse, avaient fini par revenir et s’étaient fait intercepter au retour.
Les deux autres étaient des otages que je ne connaissais pas, mais qui ne méritaient pas non plus une pareille mort. Le curé Isnard prévint les familles et je retournai à mon poste à Colmars, bien décidé à ne pas laisser ces morts impunies : j’avais avec moi des parents proches des victimes, le fils de Casimiri et un frère Magnan ; leur douleur était immense et ils auraient été capables, à ce moment, d’exercer les vengeances les plus atroces : on ne devait malheureusement jamais identifier (ou vouloir identifier ?) les assassins qui, plus de quarante ans après, n’ont toujours pas reçu leur châtiment ! Quel que soit le prix dont il fallait les payer, les sabotages des voies de communication de l’ennemi devaient pourtant continuer : il fallait interdire aux Allemands d’amener leurs renforts vers le Nord et la route Digne-Nice était un des axes qu’ils utilisaient : nous devions donc la rendre impraticable ; nous devions aussi penser à interdire l’accès de nos refuges de la montagne ; les mois de juin et juillet furent occupés à réaliser ces objectifs.
Faï Tirà Peyroulienne
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Sujet: Les noms des collabos de la seconde guerre mondiale déclassifiés Jeu 28 Déc 2017, 16:11
Les noms des collabos de la seconde guerre mondiale déclassifiés
Depuis 2015, un document recensant le nom de 100 000 personnes qui ont collaboré avec l'occupant nazi est déclassifié. L'immense majorité de ces collaborateurs ont été jugés. L'historien Dominique Lormier en a publié un livre, 100 000 collabos.
https://www.francetvinfo.fr/
Dans le fameux fichier des collabos, on trouve 100 000 noms. Cette liste secrète dressée à la Libération dormait dans le silence des archives depuis soixante-dix ans. Aujourd'hui, ce fichier déclassifié révèle l'ampleur de la collaboration avec l'occupant allemand pendant la guerre. Tout commence par la poignée de main du 30 octobre 1940 entre Pétain et Hitler. Dans le fichier, il y a le nom de ces miliciens qui ont soutenu le Reich.
Quelque 95 000 collabos jugés
Il y a aussi beaucoup d'industriels dont la production partait en Allemagne. Le monde du cinéma est aussi présent. Parmi ces collabos, beaucoup d'anonymes et quelques noms bien connus : Maurice Papon ou René Bousquet. Le père du magistrat Philippe Bilger figure aussi dans ce fichier. Il était préfet. L'ouverture de cette boîte de Pandore met mal à l'aise le magistrat honoraire.
Ces collaborateurs, considérés comme des traîtres, ont connu l'épuration à la Libération. Plus de 95 000 d'entre eux ont été jugés et condamnés à des peines de prison plus ou moins lourdes. 791 ont été exécutés.
Faï Tirà Peyroulienne
Nombre de messages : 16511 Date d'inscription : 07/10/2008
Sujet: Aix-en-Provence : décès de Sydney Chouraqui, le co-fondateur du mémorial du Camp des Milles Mar 06 Fév 2018, 16:34
Aix-en-Provence : décès de Sydney Chouraqui, le co-fondateur du mémorial du Camp des Milles
https://france3-regions.francetvinfo.fr/
Sydney Chouraqui
Il avait fondé la Licra et milité pour que le camp des Milles devienne un site mémorial. L'avocat juif Sydney Chouraqui, est décédé à l'âge de 103 ans. Avec lui disparaît l'une des grandes figures de la Résistance.
Par Ghislaine Milliet avec AFP
L'avocat juif Sidney Chouraqui, combattant de la Résistance qui a poursuivi après la guerre son combat contre l'oubli et le racisme en co-fondant notamment la Licra, est mort à l'âge de 103 ans, a-t-on appris mardi auprès de la Fondation du Camp de Milles. Né le 13 octobre 1914 en Algérie, cet "homme discret, de convictions et d'engagements" a souhaité "le drapeau français, l'étoile de David et sa robe d'avocat sur son cercueil", détaille, dans un communiqué, la Fondation présidée par son fils Alain Chouraqui. Le 8 mai 1945, jour de la capitulation sans condition de l'Allemagne, Sidney Chouraqui sable le champagne français, stocké dans les caves d'Hitler, aux côtés de ses camarades de la 2e DB, dans le "Nid D'aigle" du dictateur nazi à Berchtesgaden. Lui qui a participé à la Libération de Paris, de Strasbourg et du camp de concentration de Landsberg, entonne avec ses camarades "une Marseillaise victorieuse et un chant juif d'espérance, la Tikvah, qui allait devenir l'hymne de l'Etat d'Israël", rappelle son fils Alain dans la note biographique qu'il a écrite.
Les "racines du mal" sont profondes
"Victoire en déchantant", écrit pourtant à cette même date Sidney Chouraqui dans ses cahiers : "Il avait compris que les racines du mal étaient profondes et durables, et que les injustices et les inégalités continueraient de miner l'équilibre social et la démocratie", explique la note. Pour chasser les démons, il co-fondera après la guerre la Licra, et militera pendant trois décennies pour faire sortir de l'oubli lecamp des Milles, à Aix-en-Provence. Établi en "zone libre" sous administration française, plus de 10.000 personnes y ont été internées dans des conditions inhumaines. 2.000 juifs qui y étaient enfermés ont été déportés vers le camp d'extermination nazi d'Auschwitz. La Fondation l'a transformé en un lieu d'éducation aux jeunes face à l'intolérance, offrant notamment aux scolaires une exposition très fouillée sur les mécanismes totalitaires.
"Le risque mortel" de l'extrême droite"
Avant le second tour de la présidentielle de 2017,Sydney Chouraqui, décoré de plusieurs médailles et chevalier de la Légion d'honneur, avait lancé avec deux autres figures de la Résistance et de la déportation un appel aux Français à ne pas prendre le "risque mortel" de l'extrême droite. Le président LR de la région Paca, Renaud Muselier, a salué mardi "l'une des belles consciences de la France", tandis que le maire LR de Nice, Christian Estrosi, rendait hommage à la mémoire de ce "juif, résistant, grand combattant de la Seconde guerre mondiale".
Faï Tirà Peyroulienne
Nombre de messages : 16511 Date d'inscription : 07/10/2008
Sujet: "Le négationnisme commence toujours par un rire" : une résistante communiste répond au chroniqueur Daniel Riolo, qui accuse le PCF de collaboration Mer 22 Mai 2019, 13:31
C'est incroyable comme les crétins pullulent en ce moment et en plus, ils causent....et la ramènent encore !!!
https://www.francetvinfo.fr/
"Le négationnisme commence toujours par un rire" : une résistante communiste répond au chroniqueur Daniel Riolo, qui accuse le PCF de collaboration
Un accrochage a opposé Daniel Riolo à la tête de liste communiste aux élections européennes Ian Brossat sur RMC, mardi, au sujet du rôle des communistes pendant l'Occupation.
Le mémorial dédié aux 27 résistants français fusillés dans le camp d'internement de Châteaubriant (Loire-Atlantique), parmi lesquels Guy Môquet et de nombreux autres communistes, ici le 31 mai 2007.
(FRANK PERRY / AFP)
franceinfoFrance Télévisions
"En vous entendant rire, ce matin, j'ai eu un haut-le-cœur" : Odette Nilès, 96 ans, militante communiste et résistante pendant la Seconde Guerre mondiale, a répondu dans une lettre ouverte sur le site de L'Humanité, mardi 21 mai, aux propos et sarcasmes du chroniqueur de RMC Daniel Riolo.
Ce dernier avait accusé le PCF de "collaboration avec les nazis" lors d'une interview de Ian Brossat, tête de liste des communistes aux élections européennes, sur la liste duquel figure Odette Nilès.
"[Le PCF] c'est la Résistance, monsieur. C'est 75 000 fusillés", avait répliqué Ian Brossat à cette remarque de Daniel Riolo, sur le plateau du "Grand oral des GG" mardi matin, une réponse accueillie par un éclat de rire du chroniqueur.
"Ce que vous dites est honteux", a poursuivi le candidat. "Le colonel Fabien a résisté dès le premier jour". "A quel moment ils se sont réveillés, dans la guerre, les communistes ?", a poursuivi de son côté son interlocuteur.
Le candidat a isolé la séquence sur son compte Twitter :
Citation :
Ian Brossat
Honte à @DanielRiolo qui insulte la mémoire des résistants communistes et qui a manifestement récupéré des cours d'histoire dans un Kinder surprise. #GrandesGueules
"Connaissez-vous seulement Guy Môquet ?"
Une intervention qui a fait réagir la résistante Odette Nilès, internée dans plusieurs camps dont celui de Châteaubriant (Loire-Atlantique) après avoir été arrêtée lors d'une manifestation en 1941.
"Comment avons-nous pu en arriver à cela aujourd'hui, comment certains peuvent-ils parler d'un temps qu'ils n'ont pas vécu avec autant de mépris ou de raccourcis ?", écrit-elle, avant d'affirmer que "le négationnisme commence toujours ainsi : par un rire, par une moquerie."
Elle évoque également le souvenir des communistes qu'elle a "rencontrés, (...) aimés, qui ont donné leur jeunesse ou pour certains, versé leur sang pour notre pays", et cite celui qui est sans doute l'un des plus connus, et qu'elle a cotoyé lors de son internement : "un être qui me fut cher : Guy Môquet. Le connaissez-vous seulement ?"
La candidate aux élections européennes s'adresse directement au chroniqueur de RMC : "Si vous l'acceptiez, je vous invite à venir chez moi afin que nous puissions échanger et parler et que je puisse vous dire les yeux dans les yeux ce que furent ma vie et mes engagements."
"Si c'est pour parler avec des grands-parents communistes... bah j'ai eu les miens donc ça va, j'en sais assez !", a réagi Daniel Riolo, interpellé sur Twitter au sujet de cette lettre ouverte.
"Après si t'as son numéro, vas-y...", a-t-il conclu à l'adresse de son interlocuteur.
Citation :
Karim Djaziri@KDjaziri
Daniel tu as répondu à cette Dame? https://twitter.com/humanite_fr/status/1130894559339253761?s=21 …
L'Humanité
"Lettre ouverte d’Odette Niles à Daniel Riolo" : À bientot 96 ans, j'écoute encore la radio (...) je l’écoute d’autant plus qu’elle me permet de suivre les émissions de mon candidat, le candidat du Parti communiste, mon cher @IanBrossat : https://bit.ly/2Wfftl8
Citation :
Daniel Riolo
Je ne sais pas comment lui répondre en fait. Mais si c’est pour parler avec des grands parents communistes... bah j’ai eu les miens donc ça va j’en sais assez ! Après si t’as son numéro vas y ...