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C'est bien le diable si je ne trouve pas dans ce village un bistrot où je pourrai casser la croûte. Jules Romains
 
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 Poème de FRANCIS JAMMES.

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Kiki
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MessageSujet: Poème de FRANCIS JAMMES.   Poème de FRANCIS JAMMES. Icon_minitimeMer 11 Déc 2013, 13:14

“J’aime l’âne si doux

marchant le long des houx.

Il prend garde aux abeilles

et bouge ses oreilles ;

et il porte les pauvres...

et des sacs remplis d’orge.

Il va, près des fossés,

d’un petit pas cassé.

Mon amie le croit bête

parce qu’il est poète.

Il réfléchit toujours.

Ses yeux sont en velours.

Jeune fille au doux cœur,

tu n’as pas sa douceur :

car il est devant Dieu

l’âne doux du ciel bleu.

Et il reste à l’étable,

fatigué, misérable,

ayant bien fatigué

ses pauvres petits pieds.

Il a fait son devoir

du matin jusqu’au soir.

Qu’as-tu fait jeune fille ?

Tu as tiré l’aiguille...

Mais l’âne s’est blessé :

la mouche l’a piqué.

Il a tant travaillé

que ça vous fait pitié.

Qu’as-tu mangé petite ?

— T’as mangé des cerises.

L’âne n’a pas eu d’orge,

car le maître est trop pauvre.

Il a sucé la corde,

puis a dormi dans l’ombre...

La corde de ton cœur

n’a pas cette douceur.

Il est l’âne si doux

marchant le long des houx.

J’ai le cœur ulcéré :

ce mot-là te plairait.

Dis-moi donc, ma chérie,

si je pleure ou je ris ?

Va trouver le vieil âne,

et dis-lui que mon âme

est sur les grands chemins,

comme lui le matin.

Demande-lui, chérie,

si je pleure ou je ris ?

Je doute qu’il réponde :

il marchera dans l’ombre,

crevé par la douceur,

sur le chemin en fleurs.“


FRANCIS JAMMES.
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MessageSujet: Novembre d' Emile Verhaeren   Poème de FRANCIS JAMMES. Icon_minitimeDim 16 Nov 2014, 10:19

Novembre

Les grand’routes tracent des croix
A l’infini, à travers bois ;
Les grand’routes tracent des croix lointaines
A l’infini, à travers plaines ;
Les grand’routes tracent des croix
Dans l’air livide et froid,
Où voyagent les vents déchevelés
A l’infini, par les allées.

Arbres et vents pareils aux pèlerins,
Arbres tristes et fous où l’orage s’accroche,
Arbres pareils au défilé de tous les saints,
Au défilé de tous les morts
Au son des cloches,

Arbres qui combattez au Nord
Et vents qui déchirez le monde,
Ô vos luttes et vos sanglots et vos remords
Se débattant et s’engouffrant dans les âmes profondes !

Voici novembre assis auprès de l’âtre,
Avec ses maigres doigts chauffés au feu ;
Oh ! tous ces morts là-bas, sans feu ni lieu,
Oh ! tous ces vents cognant les murs opiniâtres
Et repoussés et rejetés
Vers l’inconnu, de tous côtés.

Oh ! tous ces noms de saints semés en litanies,
Tous ces arbres, là-bas,
Ces vocables de saints dont la monotonie
S’allonge infiniment dans la mémoire ;
Oh ! tous ces bras invocatoires
Tous ces rameaux éperdument tendus
Vers on ne sait quel christ aux horizons pendu.

Voici novembre en son manteau grisâtre
Qui se blottit de peur au fond de l’âtre
Et dont les yeux soudain regardent,
Par les carreaux cassés de la croisée,
Les vents et les arbres se convulser
Dans l’étendue effarante et blafarde,

Les saints, les morts, les arbres et le vent,
Oh l’identique et affolant cortège
Qui tourne et tourne, au long des soirs de neige ;
Les saints, les morts, les arbres et le vent,
Dites comme ils se confondent dans la mémoire
Quand les marteaux battants
A coups de bonds dans les bourdons,
Ecartèlent leur deuil aux horizons,
Du haut des tours imprécatoires.

Et novembre, près de l’âtre qui flambe,
Allume, avec des mains d’espoir, la lampe
Qui brûlera, combien de soirs, l’hiver ;
Et novembre si humblement supplie et pleure
Pour attendrir le coeur mécanique des heures !

Mais au dehors, voici toujours le ciel, couleur de fer,
Voici les vents, les saints, les morts
Et la procession profonde
Des arbres fous et des branchages tords
Qui voyagent de l’un à l’autre bout du monde.
Voici les grand’routes comme des croix
A l’infini parmi les plaines
Les grand’routes et puis leurs croix lointaines
A l’infini, sur les vallons et dans les bois !



Emile Verhaeren, Les vignes de ma muraille
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MessageSujet: Poème : Lorsque l’enfant paraît de V. Hugo   Poème de FRANCIS JAMMES. Icon_minitimeJeu 15 Jan 2015, 19:27

Lorsque l’enfant paraît

Lorsque l’enfant paraît, le cercle de famille
Applaudit à grands cris ; son doux regard qui brille
Fait briller tous les yeux,
Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être,
Se dérident soudain à voir l’enfant paraître,
Innocent et joyeux.

Soit que juin ait verdi mon seuil, ou que novembre
Fasse autour d’un grand feu vacillant dans la chambre
Les chaises se toucher,
Quand l’enfant vient, la joie arrive et nous éclaire.
On rit, on se récrie, on l’appelle, et sa mère
Tremble à le voir marcher.

Quelquefois nous parlons, en remuant la flamme,
De patrie et de Dieu, des poètes, de l’âme
Qui s’élève en priant ;
L’enfant paraît, adieu le ciel et la patrie
Et les poètes saints ! La grave causerie
S’arrête en souriant.

La nuit, quand l’homme dort, quand l’esprit rêve, à l’heure
Où l’on entend gémir, comme une voix qui pleure,
L’onde entre les roseaux,
Si l’aube tout à coup là-bas luit comme un phare,
Sa clarté dans les champs éveille une fanfare
De cloches et d’oiseaux !

Enfant, vous êtes l’aube et mon âme est la plaine
Qui des plus douces fleurs embaume son haleine
Quand vous la respirez ;
Mon âme est la forêt dont les sombres ramures
S’emplissent pour vous seul de suaves murmures
Et de rayons dorés !

Car vos beaux yeux sont pleins de douceurs infinies,
Car vos petites mains, joyeuses et bénies
N’ont point mal fait encor ;
Jamais vos jeunes pas n’ont touché notre fange ;
Tête sacrée ! Enfant aux cheveux blonds ! Bel ange
À l’auréole d’or !

Vous êtes parmi nous la colombe de l’arche.
Vos pieds tendres et purs n’ont point l’âge où l’on marche ;
Vos ailes sont d’azur.
Sans le comprendre encor, vous regardez le monde.
Double virginité ! corps où rien n’est immonde,
Âme où rien n’est impur !

Il est si beau, l’enfant, avec son doux sourire,
Sa douce bonne foi, sa voix qui veut tout dire,
Ses pleurs vite apaisés,
Laissant errer sa vue étonnée et ravie,
Offrant de toutes parts sa jeune âme à la vie
Et sa bouche aux baisers !

Seigneur ! préservez-moi, préservez ceux que j’aime,
Frères, parents, amis, et mes ennemis même
Dans le mal triomphants,
De jamais voir, Seigneur ! l’été sans fleurs vermeilles,
La cage sans oiseaux, la ruche sans abeilles,
La maison sans enfants !

Victor Hugo, Les feuilles de l’Automne, XIX
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MessageSujet: Poème : La Passante de Charles Baudelaire   Poème de FRANCIS JAMMES. Icon_minitimeSam 17 Jan 2015, 06:33

A une passante

La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d’une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l’ourlet;

Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son œil, ciel livide où germe l’ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

Un éclair… puis la nuit! - Fugitive beauté
Dont le regard m’a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l’éternité?

Ailleurs, bien loin d’ici! Trop tard! Jamais peut-être!
Car j’ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
O toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais!

Charles Baudelaire
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MessageSujet: Poeme Ma Liberté   Poème de FRANCIS JAMMES. Icon_minitimeDim 01 Fév 2015, 08:43

Poème de FRANCIS JAMMES. Ob_e3210
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MessageSujet: Poème l'Etranger de Baudelaire   Poème de FRANCIS JAMMES. Icon_minitimeDim 01 Fév 2015, 19:02

L’étranger


- Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? Ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?
– Je n’ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère.
– Tes amis ?
– Vous vous servez là d’une parole dont le sens m’est restée jusqu’à ce jour inconnu.
– Ta patrie ?
– J’ignore sous quelle latitude elle est située.
– La beauté ?
– Je l’aimerais volontiers, déesse et immortelle.
– L’or ?
– Je le hais comme vous haïssez Dieu.
– Eh ! qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
– J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas… là-bas… les merveilleux nuages !

Baudelaire
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MessageSujet: Poème : Romance   Poème de FRANCIS JAMMES. Icon_minitimeMer 11 Fév 2015, 19:50

Romance.

Ah ! Sous une feinte allégresse
Ne nous cache pas ta douleur !
Tu plais autant par ta tristesse
Que par ton sourire enchanteur
À travers la vapeur légère
L'Aurore ainsi charme les yeux ;
Et, belle en sa pâle lumière,
La nuit, Phœbé charme les cieux.

Qui te voit, muette et pensive,
Seule rêver le long du jour,
Te prend pour la vierge naïve
Qui soupire un premier amour ;
Oubliant l'auguste couronne
Qui ceint tes superbes cheveux,
À ses transports il s'abandonne,
Et sent d'amour les premiers feux !



Gérard de Nerval
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MessageSujet: Re: Poème de FRANCIS JAMMES.   Poème de FRANCIS JAMMES. Icon_minitime

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