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 Quand les Alpes étaient sous l'emprise des démons

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Faï Tirà
Peyroulienne
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Faï Tirà


Nombre de messages : 16432
Date d'inscription : 07/10/2008

Quand les Alpes étaient sous l'emprise des démons    Empty
MessageSujet: Quand les Alpes étaient sous l'emprise des démons    Quand les Alpes étaient sous l'emprise des démons    Icon_minitimeLun 26 Fév 2018, 18:01

Quand les Alpes étaient sous l'emprise des démons


 
Dans « Histoire des phénomènes d'hystérie collective », le professeur Yves-Marie Bercé raconte comment des Hauts-Alpins entraient régulièrement en transe.




PAR MARC FOURNY


 
http://www.lepoint.fr/


 
 
Le Point.fr
 

Quand les Alpes étaient sous l'emprise des démons    A1590



Les Alpes ont été pendant longtemps le théâtre de manifestations d’hystéries diaboliques 
© DR/ Couverture du livre "Histoire des hystéries collectives"
 
 
 
On l'a un peu oublié, mais les Alpes ont été pendant longtemps le théâtre de manifestations d'hystéries diaboliques : dès le début du XVe siècle, certaines communautés montagnardes vont être touchées par un courant de démonomanie assez puissant, rappelle Yves-Marie Bercé, professeur à la Sorbonne, dans un curieux ouvrage sur l'Histoire des phénomènes d'hystérie collective *, qui recense plusieurs récits et faits sociaux en Europe, mais aussi en Afrique ou en Laponie.




Il est vrai que les cas de sorcellerie étaient courants dans les vallées austères du massif alpin – les Savoyards traînaient notamment cette sale réputation. « L'absence ou le manque de prêtres, notamment jusqu'au XVIIe siècle, le poids des croyances païennes, malgré un vernis de christianisme, l'isolement géographique des villages ainsi que la rudesse de la vie en altitude pouvaient conduire certains membres d'une communauté à basculer dans la folie passagère, explique Yves-Marie Bercé. 




Il s'agit de croyances démoniaques propres aux Alpes, que l'on ne retrouve pas forcément dans d'autres régions de France : la vie dans ces vallées est très précaire, on vit sur le fil du rasoir, au seuil de la pauvreté, tout malheur qui rompt l'équilibre est imputé aux forces maléfiques.


 Une vague de démonomanie peut ainsi embraser une communauté : les victimes se plaignent alors d'envoûtements ou de possessions... On parlerait aujourd'hui de troubles psychiques, de délires de persécution, ou même de burn-out. »




Cris et grimaces


Quand les Alpes étaient sous l'emprise des démons    A1591
 
 
La couverture du livre "Esprits et démons, Histoire des phénomènes d’hystérie collective", par Yves-Marie Bercé, éd. La librairie Vuibert.
© DR
 
 
Ainsi, en 1622, une quarantaine de cas sont recensés dans le village du Monêtier, près de Briançon : les possédés crient pendant la messe, grimacent, sautent en l'air ou se contorsionnent... Tous se disent victimes d'un mauvais sort jeté par cinq femmes du bourg qui finissent par se rétracter devant la justice.




Des cas sont même répertoriés dans les hameaux alentour, suscitant l'inquiétude du clergé local. Les médecins, impuissants, vont jusqu'à évoquer une forte mélancolie ou une trop grande consommation de viande de chamois pour expliquer ces troubles...




Sauvés par une bergère




On garde également une trace de cette folie alpine à travers les guérisons opérées à Notre-Dame du Laus, dans le Gapençais, dès la fin du XVIIe siècle. C'est ici qu'une jeune bergère, Benoîte Rencurel, dit avoir vu la vierge et soigne elle-même quantité de possédés provenant parfois de lointaines vallées, comme la Tarentaise.


On les apporte ficelés sur des charrettes, vociférants et passablement excités, « le visage hideux à force de grimaces, les yeux exorbités et étincelants, les paroles incohérentes », raconte l'historien Yves-Marie Bercé. La bergère mène une sorte d'exorcisme en leur prenant la main tout en leur demandant de confesser leurs vieux péchés, ce qui, semble-t-il, se révèle efficace.
On croyait peu à peu ces phénomènes en voie de disparition quand éclate soudain le scandale du village de Morzine en 1857. Des dizaines de filles, de 10 à 22 ans, entrent en transe, crient, grimpent aux sapins, blasphèment, parlent au nom du diable... 


Les troubles persistent, s'étendent, touchent bientôt plus d'une centaine de filles et de femmes, on accuse un ancien curé de les avoir ensorcelées, ainsi qu'un conseiller municipal que l'on manque de lyncher... L'affaire devient politique, la Savoie est devenue française, les autorités dépêchent un aliéniste, on scrute le mode de vie des montagnards, l'alimentation, l'instruction, les cas de consanguinité... Pour calmer les esprits, le prêtre du village est muté – on le trouvait un peu trop rigide – avant d'isoler les filles les plus atteintes dans des foyers ou des couvents.




« Nous sommes des damnés ! »




On imagine l'affaire réglée, quand, patatras ! tout recommence lors de la visite de l'évêque d'Annecy au printemps 1864. Une fille s'effondre et tambourine le sol de l'église avec sa tête et ses pieds, des femmes crient et blasphèment, crachent sur le visage du prélat, lui arrachent son anneau pastoral, les saintes huiles roulent à terre. « Nous sommes des damnés ! » hurlent-elles dans le sanctuaire... « Morzine est comme une survivance d'anomalies anciennes, juge Yves-Marie Bercé. 


Le village est situé dans un cul-de-sac, vit dans un isolement misérable, le catéchisme est en recul... 


Pendant l'hiver, les hommes partent pour aller gagner quelques sous dans les basses vallées, ce qui provoque un vrai déséquilibre social : ne restent que les femmes, les vieillards et les enfants. On assiste là encore à des crises contagieuses entre femmes, comme des imitations compulsives. »
Le scandale est énorme, on envoie un détachement d'infanterie, ainsi qu'un nouveau médecin. 


La tactique change : il s'agit de sympathiser avec les habitants, on organise des bals et des fêtes, une route est construite, l'État propose aux jeunes femmes des formations de couturières ou de ménagères, la tension redescend. L'évêque peut revenir en paix en 1873, l'ordre règne enfin à Morzine la possédée. Ce fut le dernier grand cas d'hystérie démoniaque connu en France.




 
 
*Esprits et démons, Histoire des phénomènes d'hystérie collective, par Yves-Marie Bercé, éd. La librairie Vuibert.

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Rien ne changera, à moins que les citoyens prennent eux mêmes les choses en main !
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