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C'est bien le diable si je ne trouve pas dans ce village un bistrot où je pourrai casser la croûte. Jules Romains
 
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 Les Italiens en Provence

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AuteurMessage
Faï Tirà
Peyroulienne
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Faï Tirà


Nombre de messages : 16432
Date d'inscription : 07/10/2008

Les Italiens en Provence Empty
MessageSujet: Les Italiens en Provence   Les Italiens en Provence Icon_minitimeMer 23 Oct 2013, 22:34

Les Italiens en Provence
 
http://www.laprovence.com/
 
 

Comment les Italiens se sont adaptés en Provence
 
 
Les Italiens en Provence Italie10


 
Serge Giorgi (Montfavet) : "Mes ransd-parents, Paolo et Assunta Giorgi, de Toscane, ont fui Mussolini et sont arrivés dans le Vaucluse en 1919, avec pour seul bagage leur fillette de 4 ans. Ils ont cultivé la terre. Mon père est né en 1921...

J'ai appris à lire sur les genoux de ma grand-mère. La cuisine italienne a bercé mon enfance. Les odeurs de sauce tomate mijotant dès le matin embaumaient la maison et à midi, on savourait la pastaciutta."
 
 
Archives S.G.
 
 

Les expatriés italiens se sont plus ou moins bien intégrés dans la société française durant ces trois siècles d'immigration. La proximité de l'Italie, les similitudes de conception d'existence (importance de la famille, tradition catholique, etc.) et leur volonté de travailler dur pour se faire une place et gagner leur vie ont largement joué en leur faveur. Mais le chômage et l'actualité politique leur ont parfois réservé un accueil beaucoup plus mitigé, voire très hostile.
 
 

Pour l'historien et chercheur Ralph Schor, les Italiens chassés de chez eux à cause de la misère "acceptaient des conditions de travail ingrates et de lourds horaires". Leur intégration a ainsi été facilitée. Mais selon les périodes de l'histoire prises en compte, cela n'a pas suffi...
 
 

Dans quel état d'esprit sont arrivés les Italiens en France, particulièrement dans le Sud-Est, au cours des différentes vagues migratoires qu'ils ont connues depuis 1860 ?
 


Ralph Schor : Il faut distinguer deux catégories d’Italiens. Les premiers, et les plus nombreux, étaient ceux qui, chassés de chez eux par la misère, venaient chercher du travail. Il s’agissait généralement d’hommes jeunes, célibataires, peu qualifiés. Dépourvus de tout et souvent « missionnés » par leur famille qui attendait des envois d’argent, ils se montraient peu exigeants, acceptaient des conditions de travail ingrates, de lourds horaires, des rémunérations médiocres.

Cette main-d’œuvre se révélait docile car elle ignorait ses droits ou, si elle les connaissait, redoutait le renvoi hors de l’entreprise, voire l’expulsion de France. Les syndicats et les partis de gauche savaient qu’ils recrutaient peu d’immigrés. Les enquêtes de police montrent que les rares militants politiques étaient des jeunes, arrivés depuis peu et dépourvus de charge de famille, donc de responsabilités. Sans attache, ils pouvaient facilement chercher un emploi dans une autre région ou affronter le rapatriement forcé.
 
 

Les réfugiés politiques ou "fuorusciti" formaient la deuxième catégorie. Ils étaient divisés en groupes divers et antagonistes, socialistes eux-mêmes séparés en plusieurs familles, républicains, membres du mouvement Justice et Liberté, adhérents de la Ligue italienne des droits de l’homme, communistes, anarchistes peu nombreux.
 

Les non communistes menaient une action politique dans le respect de la légalité française. Les communistes, fidèles à l’idéal révolutionnaire, entretenaient l’agitation sociale, entendaient abattre le capitalisme et la bourgeoisie. Tous les militants de gauche se rapprochèrent seulement pour une courte période, en 1937, dans l’Union populaire italienne, symétrique italien du Front populaire français. La signature du pacte germano-soviétique, célébré par les communistes et rejeté par les autres, disloqua l’UPI.


Il faut enfin mentionner l’existence d’un courant fasciste, groupé dans les "fasci", autour des consulats, essayant de maintenir la cohésion de la colonie italienne derrière le Duce, encadrant les immigrés, espionnant et rossant parfois les opposants, se renseignant sur les installations militaires françaises des Alpes.
 



Quel accueil leur ont réservé les Français ? Ont-ils été perçus comme des "voleurs d'emploi et de pain" ou au contraire comme du renfort pour (re)construire le pays ?
 


R.S. :

Des facteurs d’entente potentielle existaient entre Français et Italiens : appartenance à un même milieu géographique et culturel, ancienneté des liens dans une région frontalière, besoins de main-d’œuvre du côté français, sympathie de la gauche pour les "fuorisciti", bienveillance de la droite qui souhaitait une entente diplomatique avec l’Italie fasciste.
 


Cependant les mauvais rapports prévalurent. Les tensions sur le marché de l’emploi, a fortiori les poussées périodiques de chômage, entretenaient les aigreurs. Les ouvriers français, les employés d’hôtel sur la Côte d’Azur, les commerçants et artisans se montraient particulièrement hostiles. Il arrivait que la violence l’emportât : en 1893, une dizaine d’ouvriers italiens, vus comme des rivaux, furent massacrés à Aigues-Mortes. La droite xénophobe, comme le Parti populaire français, bien implanté à Marseille et dans les Alpes-Maritimes, considérait les réfugiés politiques comme des comploteurs révolutionnaires.

La gauche condamnait les fascistes. L’opinion en général voyait les Italiens comme les ressortissants d’un pays qui voulait annexer le Comté de Nice, la Savoie, la Corse, la Tunisie.
 
A Nice l’épithète Piémontais était une injure, comme babi ou christos à Marseille.
 
 

Les immigrés ont-ils dû s'adapter en fonction de la situation du moment (crise, guerre, etc.) pour réussir leur intégration ? Au final, peut-on dire qu'ils se sont bien intégrés dans la société française ? Pour quelles raisons ?

R.S. :
Sur le long terme l’intégration s’est bien effectuée. D’abord pour des raisons économiques. En effet, la diversité des emplois existant dans le Midi offrait de nombreuses possibilités aux hommes, aux femmes, aux jeunes, aux non qualifiés. Les reconversions professionnelles étaient faciles en période de prospérité.


Les métiers du commerce et de l’hôtellerie, souvent choisis par les Italiens, ménageaient de nombreuses occasions de rencontres avec les Français. Chacun apprenait à connaître l’autre. Certains immigrés, à force de sacrifices, connaissaient une certaine réussite professionnelle et sociale : celle-ci, même modeste, les attachait à la France.


Sur le plan culturel, les raisons d’entente, parenté ethnique, religieuse, linguistique, ne restaient pas toujours inopérantes. Les réfugiés avaient une bonne image de la France, patrie des Droits de l’homme.

 

Dans le domaine social, les Italiens, implantés de longue date, se mariaient et avaient des enfants. Ceux-ci fréquentaient l’école française – la création d’écoles étrangères était interdite - ; ces jeunes, sur les bancs de l’école ou du catéchisme, dans les cours de récréation, sur le chemin avec leurs camarades français, recevaient l’empreinte du pays de résidence, nouaient des amitiés, s’intégraient rapidement.
 
Le pays d’origine de leurs parents leur paraissait souvent étranger. Les mariages mixtes, de plus en plus nombreux, accéléraient l’insertion : l’épouse française connaissait rarement l’italien ; la langue du ménage et de l’éducation des enfants était le français.
 

L’acquisition de la nationalité française, facilitée par le mariage avec une native, donnait droit à divers avantages. Il faut aussi mentionner les diverses occasions de rencontres avec les Français dans la vie quotidienne, à la ferme, à l’atelier, dans les bals, les activités sportives et culturelles, rencontres qui permettaient la découverte mutuelle et l’effacement des préventions. Enfin la durée du séjour faisait que, progressivement, l’Italien entrait dans le paysage familier et cessait d’être vu comme un étranger, comme un inconnu aux intentions obscures.
 
 




Les Italiens en Provence : un document exceptionnel

Des centaines de milliers d'Italiens ont choisi la Provence pour refaire leur vie au XIXe et au XXe siècle. Chassés par la misère ou le fascisme, ils ont fait les métiers les plus durs : maçons, agriculteurs, mineurs, pêcheurs, boulangers...

Ils ont apporté leur ardeur au travail, leur joie de vivre, leur cuisine et leur musique, ont parfois subi des violences, mais ont choisi de devenir Français. En 2013, leurs descendants - inconnus ou célèbres - témoignent dans un recueil inédit sur cette vague migratoire sans précédent : photos de famille, actes de naturalisation, récits de l'exode et de l'installation entre Marseille, Avignon et Digne, analyses historiques, success-stories, les bonnes adresses de la mode et de la cuisine...


"Les Italiens en Provence", un magazine édité par La Provence, 120 pages, 3,50 euros.

En kiosque à partir du 18 octobre 2013 et sur
la boutique de LaProvence.com


Laurent Léonard


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Rien ne changera, à moins que les citoyens prennent eux mêmes les choses en main !
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